Travailler n'est pas toujours bon pour la santé, montre une étude canadienne publiée dans l'International Journal of Social Psychiatry. Et, être sans emploi n'entraine pas systématiquement une moins bonne santé mentale.

Alain Marchand de l'Université de Montréal et ses collègues ont analysé des données concernant un échantillon nationalement représentatif, issues de l'Enquête nationale sur la santé de la population de Statistique Canada.

Alors que des études précédentes ont montré que les personnes sans emploi sont plus susceptibles que les salariés de vivre de la détresse psychologique, la présente étude spécifie que les personnes qui ne travaillent pas en raison d'incapacités temporaires ou permanentes vivent beaucoup plus de détresse que celles qui sont à la recherche d'un emploi ou qui ont décidé de quitter le marché du travail pour s'occuper de leurs jeunes enfants ou d'un parent âgé. Ces personnes demeurent actives et ont l'impression d'être utiles aux leurs, commente le chercheur.

L'organisation des tâches explique en grande partie l'intensité de la détresse psychologique des travailleurs. Pour que ces derniers s'épanouissent dans leur emploi, ils doivent jouir d'une certaine sécurité d'emploi. Leurs tâches doivent être variées et stimulantes. Leur employeur doit leur donner assez de latitude pour prendre des décisions et leur offrir une charge de travail raisonnable.

Lorsque ce n'est pas le cas, ils peuvent vivre une détresse psychologique supérieure à celle vécue par les personnes sans emploi. Parfois, il vaut mieux être sans emploi que de travailler dans des conditions stressantes, commente le chercheur.

Dans des conditions de travail non favorables, des facteurs protecteurs sont le soutien des collègues et du patron ainsi qu'un solide réseau social à l'extérieur du travail. Avoir des enfants âgés de moins de cinq ans est semble aussi avoir un effet protecteur.

L'étude montre aussi que les femmes qui occupent des postes de cadres de premier niveau et de cols bleus ou qui sont sans emploi vivent davantage de symptômes de détresse que les hommes dans ces mêmes situations.

Les mécanismes de réclamation en matière de santé mentale sont mal adaptés à la réalité, estime le chercheur. On a encore tendance à analyser la détresse psychologique comme un problème de gestion de ressources humaines et non pas comme une lésion professionnelle qui relève de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST). Pour obtenir une indemnité de la CSST pour une atteinte à la santé mentale, le travailleur doit faire lui-même la démonstration que c'est le travail qui l'a rendu malade. Alors que pour tous les autres problèmes de santé, c'est à l'employeur que revient le fardeau de la preuve.

  • Dans une étude présentée le mois dernier au congrès de l'American Sociological Association, les mères qui travaillaient avaient un moins grand risque de dépression que celles qui étaient au foyer. Chez celles qui travaillaient, le risque de dépression était lié aux croyances concernant l'équilibre travail-famille. Une autre étude présentée ce mois-ci montrait que la prévalence de la dépression chez les femmes a doublé en 40 ans. Les chercheurs attribuaient cette augmentation aux difficultés apportées par les changements sociaux: conciliation travail et famille, divorce...

  • Psychomédia avec source: Université de Montréal. Tous droits réservés.