Les personnes qui prennent des antidépresseurs depuis plus de deux ans sont beaucoup plus susceptibles de ressentir des symptômes de sevrage lors de leur arrêt que celles qui les utilisent à court terme, montre une étude publiée en avril 2025 dans Psychiatry Research.

Les utilisateurs à long terme ont également tendance à ressentir des symptômes plus sévères pendant une période plus longue et ils sont moins susceptibles de réussir à arrêter de prendre le médicament.

Or, ces médicaments sont généralement utilisés sur une longue période, souligne le communiqué des chercheurs. La moitié des personnes sous antidépresseurs au Royaume-Uni en prennent depuis au moins un an, et la majorité des consommateurs américains en prennent depuis plus de deux ans.

Mark Horowitz, chercheur en psychiatrie à l'University College London (UCL), et ses collègues ont analysé les données d'une enquête menée auprès de 310 participants en Angleterre ayant bénéficié des services de soins primaires du National Health Service (NHS) et ayant tenté d'arrêter de prendre leur antidépresseur. Près des 2/3 (62 %) estimaient que les antidépresseurs leur avaient été bénéfiques.

Ils ont été interrogés sur une longue liste de symptômes de sevrage potentiels et ont indiqué s'ils étaient légers, modérés ou sévères. Sur l'ensemble du groupe :

  • 79 % ont signalé au moins un symptôme de sevrage ;
  • 45 % ont ressenti des symptômes qu'ils ont qualifiés de modérés (30 %) ou sévères (15 %) ;
  • 38 % ont déclaré qu’ils n’étaient pas en mesure d’arrêter les antidépresseurs lorsqu’ils essayaient de le faire, la proportion atteignant 79 % parmi les personnes qui prenaient des antidépresseurs depuis deux ans ou plus.

Étant donné que certains symptômes de sevrage (tels que l’anxiété, l’humeur aggravée, l’agitation et la fatigue) se chevauchent avec les symptômes de dépression et d’anxiété et peuvent représenter une rechute en dépression plutôt qu'un sevrage, les chercheurs les ont également séparés pour constater que :

  • 76 % des répondants ont ressenti au moins un symptôme de sevrage non émotionnel tel que des étourdissements, des maux de tête, des vertiges ou des nausées, tandis que 43 % ont ressenti quatre symptômes non émotionnels ou plus.

Principal facteur déterminant la sévérité du sevrage

La durée du traitement antidépresseur était le principal facteur déterminant de l'incidence, de la sévérité et de la durée des effets du sevrage, ainsi que de la capacité à arrêter le traitement. Les différences entre les utilisateurs à court et à long terme ne s'expliquaient pas par la gravité de la dépression ou d'un trouble anxieux sous-jacent.

Les risques de ressentir des effets de sevrage étaient 10 fois plus élevés chez ceux qui prenaient des antidépresseurs depuis plus de deux ans, par rapport à ceux qui les prenaient depuis moins de six mois.

Parmi les personnes qui les prenaient depuis deux ans ou plus, 64 % ont signalé des effets de sevrage modérés ou sévères (25 % ressentant des symptômes sévères), tandis que parmi celles qui prenaient le médicament depuis six mois ou moins, la majorité (73 %) n'a signalé aucun effet de sevrage ou seulement des symptômes légers, avec seulement 7 % présentant des symptômes de sevrage sévères.

Parmi les consommateurs de longue date, 30 % ont signalé des symptômes de sevrage durant plus de trois mois et 12 % pendant plus d'un an, tandis que seulement 10,5 % des consommateurs de courte durée ont ressenti des symptômes de sevrage pendant plus de trois mois. Chez la plupart des consommateurs de courte durée, les symptômes de sevrage ont disparu en moins de quatre semaines.

« C’est l’une des raisons pour lesquelles il ne faut pas utiliser les antidépresseurs plus longtemps que nécessaire, car cela peut rendre plus difficile l’arrêt ultérieur de leur utilisation », souligne Horowitz.

Les chercheurs mentionnent qu'une des limites de l'étude réside dans le taux de réponse à l'enquête, inférieur à un sur cinq (18 %). Les répondants auraient pu être plus motivés à répondre à l'enquête s'ils ressentaient des symptômes de sevrage, même si l'enquête ne portait pas uniquement sur le sevrage.

Les chercheurs ont cherché à savoir si les participants avaient arrêté progressivement leurs antidépresseurs par sevrage progressif, ou s'ils avaient arrêté d'un coup. Les résultats n'ont pas été concluants, car trop peu de participants avaient arrêté progressivement pendant plus de quatre semaines. Les chercheurs affirment que, d'autres études ayant suggéré les bienfaits du sevrage progressif, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la meilleure façon de réduire progressivement les antidépresseurs et comment cela peut atténuer les symptômes de sevrage.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Psychiatry Research, University College London.
Tous droits réservés.