Un obstacle pour la prise de décision partagée en ce qui concerne les soins médicaux, est qu'à peine une personne sur sept oserait dire à son médecin qu'elle ne partage pas sa façon de voir les choses, selon une étude québécoise publiée dans Archives of Internal Medicine.

France Légaré de l'Université Laval et ses collègues ont demandé à 1340 personnes ce qu'elles feraient si elles se retrouvaient dans la situation suivante:

"Leur médecin leur annonce qu'elles ont une maladie cardiaque modérément grave pour laquelle trois traitements existent: la prise de médicaments, l'angioplastie ou le pontage coronarien. Sur le plan médical, chaque option présente des avantages et des inconvénients et aucune n'est nettement supérieure aux autres."

Plus de 93 % des répondants n'hésiteraient pas à poser des questions à leur médecin et à se prononcer sur le traitement qu'ils préfèrent. Mais 14% seulement oseraient lui dire ouvertement qu'ils ne partagent pas son point de vue. Même si 70% des répondants croient qu'une décision médicale revient à parts égales au médecin et au patient, seulement 14% estiment qu'il est socialement acceptable d'exprimer un avis contraire et uniquement 15% croient que quelque chose de bon peut résulter de la confrontation de leurs idées.

Selon la chercheuse, l'attitude des patients pourrait s'expliquer par leur manque de connaissances médicales, par la conviction qu'il y a une solution supérieure aux autres et que le médecin la connaît sûrement ou encore par la crainte que leurs rapports avec le médecin en souffrent.

"Cette attitude n'est pas seulement un obstacle à la prise de décision partagée", commente-t-elle. "Elle est le reflet d'un modèle – la prise de décision par l'expert – que la prise de décision partagée cherche à remplacer."

"On voit de plus en plus le professionnel de la santé comme un « courtier de décisions » plutôt que comme le détenteur de la connaissance suprême", dit la chercheuse.

Dans une étude publiée en juillet dernier dans le Canadian Medical Association Journal, l'équipe de recherche montrait "qu'un outil qui aide le médecin à impliquer son patient dans la prise de décision au sujet de son traitement peut réduire l’utilisation d’antibiotiques lors d’infections respiratoires aigües".

Psychomédia avec sources: Université Laval, France Légaré (Ulaval). Tous droits réservés