Une femme de la région de Rouen (France), Brigitte, poursuit son ancien neurologue, l'accusant d'avoir prescrit, sans l'informer des risques, des doses trop élevées de Sifrol (pramipexole) pour le traitement d'un syndrome des jambes sans repos qui ont déclenché une addiction au jeu.

Le procès s'est ouvert le 9 mars. En mars 2013, rapporte Le Figaro, son avocat Me François Jégu assignait le neurologue à comparaître pour lui avoir prescrit du Sifrol à une dose plus importante que celle indiquée dans l'Autorisation de mise sur le marché (AMM) et ne pas l'avoir informée de ce risque.

L'addiction aux jeux d'argent l'a laissée ruinée et elle réclame une compensation financière.

Si les médecins peuvent dans certains cas dépasser les doses indiquées d'un médicament, explique Me Jégu, "les informations indispensables mais aussi obligatoires n'ont pas ici été délivrées".

Le traitement avec le Sifrol a été débuté en avril 2008. Comme les symptômes réapparaissent en avril 2009, elle est retournée chez son neurologue qui lui a prescrit des doses de 0,70 mg par jour, alors que la dose maximale recommandée est de 0,54 mg. Peu de temps après, elle a commencé à jouer et à voler de l'argent à sa famille et à son employeur, et finit par contracter une dette de 184 000 euros.

"En janvier 2011, elle tente de se suicider, rapporte Le Figaro. Son médecin traitant fait alors des recherches et lui fait part des effets secondaires du Sifrol: la notice du médicament signale la possibilité de troubles comportementaux indésirables, dont l'«impulsion forte à jouer (de l'argent) de façon excessive malgré les graves conséquences». (...) En février 2011, son traitement est stoppé par le spécialiste aujourd'hui mis en cause. L'addiction disparaît deux semaines plus tard (...)."

L'affaire est complexe, explique au Figaro, Marie Vidailhet, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) : Les médecins peuvent dépasser les doses indiqués de médicaments "en se basant sur des publications scientifiques, sur l'avis de spécialistes ou en impliquant leur propre responsabilité". Il faut aussi replacer l'affaire dans son contexte, dit-elle. Si "aujourd'hui les publications sont nombreuses quant aux effets indésirables du Sifrol, ce n'était pas le cas en 2009."

Le jugement sera rendu dans trois semaines.

La Haute autorité de santé (HAS) a mis en ligne, le 15 avril 2014, une fiche concernant le traitement du syndrome des jambes sans repos. Les médicaments agonistes dopaminergiques Sifrol® (pramipexole) et Neupro® (rotigotine), indique-t-elle, ont une AMM dans les formes modérées à très sévères du syndrome des jambes sans repos idiopathique, indique la HAS. "Cependant, le bénéfice observé dans cette indication est modeste, de pertinence clinique discutable, et son maintien à long terme n’est pas démontré (excepté, semble-t-il, pour la rotigotine dans une étude). Par ailleurs, les effets indésirables peuvent être graves : troubles du comportement ou aggravation paradoxale des symptômes, imposant l’interruption rapide du traitement."

Psychomédia avec source: Le Figaro
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