Interactions médicamenteuses, problèmes respiratoires… : certaines situations augmentent le risque d’effets indésirables des benzodiazépines, en particulier le risque de troubles respiratoires et de la vigilance, mais aussi celui de chutes et de fractures.

Une étude française, publiée dans l'European Journal of Clinical Pharmacology, montre que près de la moitié des utilisateurs sont dans (au moins) une de ces situations.

Les benzodiazépines ont notamment des propriétés anxiolytiques et hypnotiques (somnifères). Leur usage prolongé expose à un risque de tolérance pharmacologique, ainsi qu’à celui de dépendance psychique et physique pouvant se manifester par un syndrome de sevrage à l’arrêt.

Ils comportent aussi des effets indésirables : troubles de la vigilance, allant de la simple somnolence à la sédation profonde avec notamment un risque accru de chute chez les personnes âgées, et détresse respiratoire.

Anne Bénard et ses collègues de l'Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont analysé les données de remboursement de l’Assurance maladie pour relever la prise concomitante d’autres médicaments ayant un effet sédatif et de problèmes de santé constituant des contre-indications, tels que les problèmes respiratoires ou de mobilité.

L'analyse confirme la très forte consommation de ces médicaments, avec 14 % des patients ayant fait l’objet d’au moins un remboursement en 2013. Les femmes sont de loin les plus concernées et la fréquence d’utilisation augmente avec l’âge (2 femmes sur 5 après 80 ans).

Près de la moitié des utilisateurs présentait un facteur de risque d’effet indésirable au moment de la prescription : interactions médicamenteuses à risque (40 % des utilisateurs) notamment avec des opiacés antalgiques ou antitussifs, problèmes respiratoires comme l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive ou une insuffisance respiratoire (11 %) ou encore des problèmes de santé augmentant le risque de chutes et de fractures (7 %).

Ces chiffres sont inquiétants étant donné le nombre important de personnes traitées par benzodiazépines en France, en particulier parmi les personnes âgées chez lesquelles le risque d’effets indésirables est majoré, souligne la chercheuse.

« De précédents travaux ont déjà mis en évidence un mésusage de ces médicaments et des durées d’utilisation inadéquates », rappelle-t-elle. Il existe des alternatives, ajoute-t-elle : « les antidépresseurs de type inhibiteurs de la recapture de la sérotonine sont actuellement recommandés en première intention dans le traitement des troubles anxieux. Les benzodiazépines devraient être réservées au traitement symptomatique des manifestations anxieuses. Par ailleurs, leur place dans le traitement des troubles sévères du sommeil est questionnée, comme l’a récemment rappelé la Haute autorité de santé », conclut-elle.

Psychomédia avec source : Inserm.
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