Mise à jour, 4 juin 2020 - L'étude publiée dans The Lancet sur laquelle reposait cette décision a été retirée en raison de doutes sur les données utilisées. L'OMS a annoncé, le 4 juin, la reprise des essais cliniques de l'hydroxychloroquine.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé, le 25 mai lors d'une conférence de presse virtuelle, avoir suspendu temporairement les essais cliniques de l'hydroxychloroquine pour le traitement de la COVID-19 qu'elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays, par mesure de précaution.

Cette décision fait suite à la publication d'une grande étude observationnelle internationale, publiée le 22 mai dans la revue médicale The Lancet, montrant un taux de mortalité plus élevé chez les personnes hospitalisées pour la COVID-19 ayant reçu l'hydroxychloroquine ou la chloroquine que chez celles n'ayant pas reçu ces médicaments.

La chloroquine est habituellement utilisée dans le traitement du paludisme (malaria) et l'hydroxychloroquine, dérivée de la première, dans le traitement de certaines affections rhumatologiques.

Les résultats de cette étude confirment ceux d'une étude américaine et d'une étude française.

Mandeep Mehra, de la Harvard Medical School, et ses collègues ont analysé plus de 96 000 dossiers électroniques de patients hospitalisés dans 671 hôpitaux sur six continents parmi lesquels 14 888 avaient reçu, 48 heures après leur hospitalisation (donc, à un stade relativement précoce de la maladie), la chloroquine ou l’hydroxychloroquine seules, ou associées avec des antibiotiques macrolides dont l’azithromycine.

Après avoir contrôlé différents facteurs tels que l’âge, le sexe, l’origine ethnique, les comorbidités sous-jacentes et la gravité de la maladie au départ, les quatre traitements étaient liés à un risque accru d’arythmie ventriculaire et de décès, concluent les auteurs.

Le taux de mortalité dans le groupe témoin était de 9,3 %. Dans les groupes de traitements, il était de 16,4 % pour la chloroquine seule, 22,2 % pour la chloroquine associée à un antibiotique ; 18 % pour l'hydroxychloroquine seule, et 23,8 % pour l'hydroxychloroquine associée à un antibiotique.

Des arythmies cardiaques graves étaient plus fréquentes chez les patients ayant reçu la chloroquine ou l'hydroxychloroquine, surtout chez ceux ayant reçu une combinaison d'hydroxycholroquine et de macrolide (8 % contre 0,3 % dans le groupe témoin).

Cette étude et quelques autres concordent pour suggérer fortement une inefficacité et des risques graves de l'hydroxychloroquine et de la chloroquine dans le traitement de la COVID-19. Cette étude, comme celles mentionnées plus haut, n'apporte toutefois pas une conclusion définitive étant donné qu'il ne s'agit pas d'une étude randomisée dans laquelle les participants sont affectés au hasard aux groupes de traitement ou au groupe placebo et traitement standard. Plusieurs essais randomisés sont en cours dans le monde.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a précisé avoir suspendu la partie hydroxychloroquine de l’essai clinique Solidarity le temps que « les données » recueillies par les essais Solidarité « soient examinées ». Les essais d'autres médicaments dans le cadre de Solidarity se poursuivent.

Pour plus d'informations sur la COVID-19 et sur hydroxychloroquine pour le traitement de la COVID-19, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : The Lancet, Le Monde.
Tous droits réservés