Début juillet 2020, l'antiviral remdésivir (Veklury) a été autorisé dans l'Union européenne chez certaines personnes atteintes de COVID-19 dont la gravité justifie un apport en oxygène, rapporte la revue Prescrire.

Cette autorisation de mise sur le marché (AMM) est dite conditionnelle, c'est-à-dire qu'elle a été octroyée sur la base de données insuffisantes pour l'obtention d'une AMM « classique ».

Il a été demandé à Gilead qui le commercialise de fournir de nombreuses données supplémentaires.

Des symptômes d'hypersensibilité lors de la perfusion du médicament ont été rapportés  et une toxicité hépatique et rénale est évoquée dans le « Plan de gestion des risques » élaborée par la firme et l'Agence européenne du médicament (EMA). Des inconnus sont l'effet de doses plus élevées que celles autorisées sur l'intervalle QT de l'électrocardiogramme (qui est un facteur de troubles graves du rythme cardiaque) et les nombreuses interactions médicamenteuses potentielles. Enfin le médicament n'a pas été évalué chez des femmes enceintes et trop peu de données chez des animaux sont disponibles pour prévoir les éventuels effets chez un enfant exposé in utero.

Quelle efficacité

Les principales données d'évaluation de l'efficacité du remdésivir chez des patients atteints de covid-19 sont issues d'une analyse intermédiaire d'un essai randomisé, en double aveugle, remdésivir versus placebo durant 10 jours au maximum, chez 1 063 patients, âgés en moyenne de 59 ans. L'essai était non terminé lors de l'AMM.

« À partir de cette analyse intermédiaire, la mortalité à 14 jours a été estimée à 7 % dans le groupe remdésivir, versus 12 % dans le groupe placebo. La différence n'est pas statistiquement significative, autrement dit il y a une probabilité non négligeable que la différence soit due au hasard. »

« La durée médiane avant amélioration clinique (définie surtout par la fin de l'hospitalisation ou l'arrêt de l'apport en oxygène) a été de 11 jours dans le groupe remdésivir versus 15 jours dans le groupe placebo (différence statistiquement significative). La différence sur ce critère a été rapportée uniquement chez les patients dont l'état à l'inclusion justifiait au moins un apport en oxygène (12 jours versus 18 jours), mais pas chez ceux moins gravement atteints (5 jours, sans différence entre les deux traitements). D'autres analyses n'ont pas montré d'efficacité du remdésivir chez les patients les plus gravement atteints. »

« Dans un autre essai randomisé, mais non aveugle, deux durées de traitement par remdésivir ont été comparées : 5 jours versus 10 jours. » Mais les résultats sont difficiles à interpréter.

Les inconnues « concernent à la fois ses effets indésirables et son efficacité au-delà de celle d'un placebo, ce qui incite à la prudence », conclut la revue.

« Des résultats incomplets et fragiles d'un seul essai ont montré une amélioration clinique un peu plus rapide avec le remdésivir, mais uniquement chez des patients dont l'état justifie un apport en oxygène, et sans effet démontré sur la mortalité. En l'état actuel des connaissances, et en dehors du cadre de la recherche clinique, un traitement par remdésivir n'est pas justifié chez les patients dont l'état ne justifie pas un apport en oxygène, ni chez les patients les plus gravement atteints, dont l'état justifie une ventilation invasive. »

Article de Prescrire : Covid-19 : remdésivir (Veklury°) autorisé dans l'Union européenne, avec beaucoup d'incertitudes et d'inconnues.

Pour plus d'informations sur la COVID-19 et les traitements expérimentaux de la COVID-19, voyez les liens plus bas.

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