Dans son numéro d'octobre, le magazine 60 Millions de consommateurs de l'Institut national français de la consommation (INC) se penche sur les compléments alimentaires commercialisés pour la perte de poids.

Ces compléments se classent en quatre grandes catégories : les produits dits drainants, capteurs de graisses, coupe-faim et brûleurs de calories.

« Aucun complément alimentaire n’a jusqu’à présent fait la preuve d’un pouvoir amaigrissant significatif. » estiment le Pr Luc Cynober, pharmacien et chef de service à l’hôpital Cochin, à Paris, et le Dr Jacques Fricker, médecin nutritionniste, dans leur livre « Tout sur les compléments alimentaires » (2017, éd. Odile Jacob).

Des liens de cause à effet non prouvés

Les fabricants ne sont pas tenus de prouver l'efficacité de ces produits avec des essais chez l’humain, puisque ceux-ci sont considérés comme des aliments et non des médicaments, rappelle le magazine.

« Les études dites “scientifiques” évoquées sur les emballages des produits sont souvent sujettes à caution : les unes n’ont été menées que sur l’animal ou in vitro, les autres ont utilisé un panel de testeurs si petit qu’aucune conclusion pertinente ne peut en être tirée.

Et même quand les recherches ont été conduites rigoureusement, la preuve de l’existence d’un effet physiologique n’implique pas forcément un amaigrissement. »

Les brûleurs de calories

« Dans ce dernier groupe, on trouve par exemple des formulations à base de guarana, de maté et de thé vert ; de grenade et de wakamé ; de nopal, de curcumine, et de minéraux tels que le zinc et le chrome. »

Toutefois, « seules les catéchines présentes dans le thé vert ont prouvé leur efficacité sur les dépenses énergétiques », indique le Dr Jacques Fricker. Mais « n’en attendez pas de miracle. Par rapport à un placebo, l’augmentation des dépenses d’énergie n’est de l’ordre que de quelques pourcents ».

« En outre, si l’on pousse l’organisme à brûler davantage de calories, “il peut mettre en place des mécanismes compensateurs”, note le médecin. Du coup, rien n’apparaît sur la balance. »

Les brûleurs de calories sont peu efficaces, conclut 60 Millions.

Les capteurs de graisse

Du côté des « capteurs de graisse », on trouve le konjac et le chitosan, une substance provenant de la carapace des crustacés.

In vitro et chez l’animal, le chitosan se lie très clairement aux lipides présents autour d’elle et les entraîne dans les selles. « Mais “cet effet est quasiment insignifiant si on le compare à la quantité totale de graisses ingérées quotidiennement par une personne”, note la Pre Marie-Paule Vasson, spécialiste en nutrition et professeure émérite à l’université Clermont-Auvergne. »

Les drainants

Les allégations des compléments dits drainants concernent surtout des plantes : extraits de fenouil, d’artichaut, de reine-des-prés…

« Il s’agit souvent de recommandations très anciennes, fondées sur la pharmacopée traditionnelle, explique le Dr Fricker. Les anciens ont observé cet effet et ont transmis ce savoir sans qu’il y ait eu de démonstration scientifique par la suite. Toutefois, à partir du moment où cela n’est pas dangereux, si on veut essayer ces compléments drainants et qu’on se sent mieux avec, on peut continuer, même si aucune preuve d’effet n’a été établie. »

Les coupe-faim

« Les seuls compléments alimentaires trouvant grâce aux yeux des professionnels de santé sont les modérateurs d’appétit ou coupe-faim. »

On trouve dans cette catégorie des formulations à base de glucomannane de konjac ; de psyllium ; de fucus et de graine de caroube.

« On ne dispose de preuves d’efficacité que pour deux de ces substances : le psyllium et le konjac, note le Dr Fricker. Par rapport à un placebo, ils ont montré une différence significative en termes d’appétit, lors d’études en double aveugle. »

  • Le psyllium

    Le psyllium est une plante herbacée d’origine indienne dont on utilise l’enveloppe des graines. La perte de poids « ne dépasse pas 1 à 2 kg sur quatre semaines, explique le nutritionniste. Il serait autant voire plus efficace de consommer une dizaine de tomates cerises avant chaque repas ».

  • Le konjac

    Le konjac (glucomannane) est une fibre issue d’une plante asiatique. Dans l’estomac, il absorbe jusqu’à cent fois son volume d’eau, il gonfle et « fait du volume. Ça peut freiner l’appétit et aider dans le cadre d’un régime bien conduit », précise la Pre Vasson.

    Mais « l’effet rassasiant ne dure pas et nécessite de réduire réellement le volume du repas qui suit – sans quoi, l’estomac risque de se dilater davantage et de provoquer une faim plus importante dans les mois qui suivent ».

Des risques pour la santé

Certaines substances présentent des contre-indications, indique Ghislain Grodard, président de l’Association française des diététiciens nutritionnistes. Par exemple :

  • les produits drainants ne doivent pas être pris en cas d’insuffisance rénale ;

  • le konjac n’est pas indiqué aux personnes souffrant de troubles de la déglutition et aux enfants, chez qui il peut provoquer un gonflement entraînant un étouffement mortel ;

  • un surdosage est possible – par exemple, si le consommateur prend simultanément plusieurs compléments minceur contenant de la p-synéphrine et du guarana, des ingrédients qui, derrière leur nom, cachent de la caféine.

Pour obtenir un résultat durable, l’objectif d’un régime est de modifier son comportement alimentaire, rappelle 60 Millions.

L'INC a publié un hors-série de 60 Millions de consommateurs (octobre 2020) intitulé « La vérité sur les régimes ». S'y trouvent notamment des conseils sur les modes d’alimentation à suivre, à tout âge, pour retrouver ou garder son poids de forme.

Une analyse, publiée en 2020 dans la revue Diabetes, Obesity & Metabolism, a décrit les résultats sur la perte de poids des essais randomisés chez l'humain de différents produits commercialisés pour la perte de poids.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : 60 Millions de consommateurs.
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