Pour la première fois, rapporte une étude publiée dans le Lancet Psychiatry, des anticorps spécifiques ont été découverts dans le sang d'une proportion significative de personnes présentant un premier épisode de psychose.

La psychose regroupe des symptômes observés dans la schizophrénie tels que des hallucinations, des idées délirantes et des pensées confuses et perturbées.

Il a déjà été montré que ces anticorps, dont ceux contre le « récepteur NMDA », peuvent provoquer une encéphalite, une inflammation mortelle du cerveau. Cette étude montre maintenant pour la première fois qu'ils sont également trouvés chez des personnes présentant des schizophrénies précoces.

« Nous avons montré que 8,8 % des personnes ayant un premier épisode de psychose ont un anticorps dans leur sang qui peut être responsable de leur maladie », explique Belinda Lennox du département de psychiatrie de l'université d'Oxford qui a dirigé cette étude. « La seule façon de détecter ces anticorps est un test sanguin, car les patients ayant des anticorps n'ont pas de symptômes différents des autres personnes atteintes de psychose. »

La découverte offre un espoir de traitement car l'identification et l'élimination rapide de ces anticorps entraînent une amélioration spectaculaire et guérit souvent la maladie, indique le communiqué de l'université. Le professeur Lennox et son équipe ont réussi à traiter un certain nombre de patients souffrant de psychose et ayant ces anticorps en utilisant une immunothérapie.

Sarah, une patiente témoigne : « Ça a commencé avec un épisode psychotique dévastateur et des problèmes subséquents de mémoire, de sommeil, de température et de contrôle émotionnel. Mon humeur était dans un flux total, passant d'hallucinations et d'insomnie au besoin de dormir toute la journée et la dépression sévère. Il a fallu plus d'un an avant que le côté auto-immun de ma maladie soit détecté par chance grâce à l'étude. »

« Trois ans après mon épisode, j'ai finalement répondu après deux infusions de médicaments immunitaires. Je reprends presque toutes mes fonctions antérieures. Ç’a été comme un remède miracle. Il est terrifiant d'imaginer que sans le traitement correct mes symptômes ne se seraient peut-être jamais améliorés. La psychose, causée par les anticorps anti-récepteur NMDA, aurait pu dominer ma vie et même me tuer. »

Les chercheurs ont mené l'étude avec 228 personnes atteintes de psychose et portant ces anticorps et un groupe de comparaison. Ils ont constaté la présence des anticorps anti-récepteur NMDA et d'autres anticorps chez des participants atteints de psychose et aucun de ces anticorps chez ceux du groupe sans psychose. Il n'y avait pas de différences dans les symptômes ou l'évolution de la maladie chez les personnes atteintes de psychose avec ou sans anticorps.

La prochaine étape importante de cette étude est de déterminer si l'élimination des anticorps traite la psychose comme dans le cas de l'encéphalite, indique le chercheur. Un essai randomisé de traitement immunitaire débutera en 2017

Les anticorps sont produits par le système immunitaire pour combattre les infections, rappellent les chercheurs. Mais ils peuvent parfois s'attaquer aux propres cellules et tissus de l'organisme dans les maladies auto-immunes telles que le diabète de type 1, la sclérose en plaques et la polyarthrite rhumatoïde.

Psychomédia avec source : University of Oxford.
Tous droits réservés