Des chercheurs s'attendent à ce que certaines personnes développent des syndromes post-infection au SARS-Cov2, dont des syndromes de fatigue chronique (SFC).

Ils saisissent l'occasion pour lancer des recherches visant à mieux comprendre les causes des formes post-virales de ce syndrome, rapportent Brian Vastag, ancien journaliste scientifique, et Beth Mazur, cofondatrice d'un groupe de défense de patients, dans le Washington Post.

Tous deux souffrent d'un SFC post-viral.

En 2015, l'Institute of medicine américain estimait qu'entre 800 000 et 2,5 millions d'Américains vivent avec le SFC, aussi appelé encéphalomyélite myalgique ou EM/SFC. (Qu'est-ce que le syndrome de fatigue chronique [symptômes, critères diagnostiques…] ?)

Il est estimé que les trois quarts de ces cas ont été déclenchés par des infections virales ou bactériennes, rapportent Vestag et Mazur.

Aujourd'hui, des chercheurs alarment sur le fait que le nouveau coronavirus et la COVID-19 qu'il provoque laisseront également dans leur sillage une population potentiellement importante souffrant de problèmes post-infection qui pourraient être permanents et, dans certains cas, invalidants.

Aux National Institutes of Health (NIH) américains et ailleurs, des scientifiques qui ont étudié l'EM/SFC post-virale saisissent l'occasion de se concentrer sur les patients atteints de la COVID-19. Ils veulent comprendre quels sont les facteurs biologiques qui distinguent ceux qui recouvrent la santé de ceux qui restent malades.

« Nous voulons voir qui guérit et qui ne guérit pas », explique Avindra Nath, neurovirologue au NIH à Bethesda, qui se prépare à étudier les patients atteints de la COVID-19. « Il est tout à fait possible que certains ne retrouvent jamais la santé. »

En plus des dommages causés aux poumons, aux reins et au cœur, des patients atteints de la COVID-19 se plaignent d'une fatigue écrasante, de douleurs musculaires, de problèmes cognitifs et d'autres symptômes « que toute personne atteinte d'EM/SFC connaît bien ».

Les soupçons que certains malades finiront par développer une EM/SFC post-virale sont fondés sur des recherches antérieures. Des études sur d'autres épidémies, notamment celles du virus Epstein-Barr, de la fièvre de Ross River et de la fièvre Q, ont montré que jusqu'à 12 % des personnes qui sont tombées gravement malades n'ont jamais recouvré la santé. Nombre d'entre elles ont finalement reçu un diagnostic d'EM/SFC, rapportent Vestag et Mazur.

Après la première épidémie de SRAS en 2002-2003, une étude menée avec 369 survivants a montré que 27 % répondaient aux critères du SFC plusieurs années plus tard.

Ron Davis, généticien à l'université de Stanford, entame également une étude dans laquelle des patients infectés par le coronavirus seront recrutés et suivis pour voir s'ils développent le syndrome.

L'hypothèse est que les infections virales déclenchent une réponse immunitaire qui parfois se dérègle ou reste bloquée même lorsque le virus a été éliminé, comme le montrent des recherches récentes.

L'équipe de Nath prévoit d'étudier le système immunitaire de survivants de la COVID-19, ainsi qu'effectuer des tests d'exercice afin de détecter les problèmes de métabolisme, et d'autres tests pour documenter tout dysfonctionnement dans la façon dont le cerveau régule le rythme cardiaque et la pression sanguine. Ces problèmes, qui relèvent du système nerveux autonome, sont courants dans le syndrome de fatigue post-virale et l'EM/SFC.

Nath a également pratiqué des autopsies sur quelques patients qui sont décédés de la COVID-19. Lorsque les conditions permettront la réouverture de son laboratoire, il prévoit rechercher le coronavirus dans le cerveau de ces patients ainsi que les lésions du système nerveux causées par l'inflammation qui peut accompagner la COVID-19. Des études ont montré qu'une inflammation chronique, notamment de faible intensité dans le cerveau, pourrait être présente dans l'EM/SFC.

Des rapports montrent déjà que le nouveau coronavirus peut, dans de rares cas, s'infiltrer dans le système nerveux central. En Italie, une trentaine de patients atteints de la COVID-19 ont reçu un diagnostic du syndrome de Guillain-Barré, caractérisé par des lésions nerveuses pouvant entraîner une paralysie.

La recherche sur l'EM/SFC, qui a été négligée pendant des décennies, a pris de l'ampleur ces dernières années. (Syndrome de fatigue chronique : financement de trois centres de recherche aux États-Unis)

Des chercheurs sur l'EM/SFC ont documenté des dysfonctionnements cérébraux et des problèmes importants dans le système immunitaire. De nouveaux travaux ont également mis en évidence les dommages causés à la capacité de l'organisme à produire de l'énergie, et certains scientifiques pensent qu'un manque d'énergie pourrait être au cœur de l'EM/SFC. Nath et d'autres chercheurs prévoient d'étudier la production d'énergie chez les survivants de la COVID-19. (Fatigue chronique et fibromyalgie : une production de mauvaise énergie au cœur des deux syndromes ?)

Le NIH finance également des recherches à long terme sur une cohorte de 2 000 patients qui ont été hospitalisés pour la COVID-19.

Pour plus d'informations sur le syndrome de fatigue chronique et sur la COVID-19, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Washington Post.
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