"Ai-je pensé à fermer la porte à clé? Est-ce que j'ai éteint la cuisinière? Les lumières étaient-elles encore allumées quand j'ai quitté la maison ce matin?"

Pour les personnes atteintes du trouble obsessif-compulsif (TOC), de telles pensées peuvent mener à la vérification compulsive, un comportement potentiellement invalidant qui enferme la personne dans un cycle incessant de peur et de doute.

Adam Radomsky du Département de psychologie de l'Université Concordia et ses collègues procèdent actuellement à l'essai d'un traitement de la vérification compulsive qu'ils présentent dans un article publié dans la revue Cognitive and Behavioral Practice.

Depuis des années, explique le chercheur, le meilleur traitement de la vérification compulsive consiste en une démarche pénible dite d'exposition avec prévention de la réponse. En étant exposées de façon répétitive à leurs craintes jusqu'à ce que leur anxiété diminue, les personnes atteintes du trouble apprennent à atténuer leur réponse de vérification hypervigilante. Ce type de thérapie présente toutefois un taux d'abandon important.

Le nouveau traitement proposé s'appuie sur des recherches montrant que la vérification compulsive est causée par un sens démesuré de la responsabilité. "Si je n'éteins pas la cuisinière, la maison va passer au feu" est une hypothèse plausible, qui peut rapidement engendrer un cycle obsessif de vérifications répétitives, lequel peut même mener à une incapacité de sortir de la maison.

Le cycle peut être brisé en amenant les personnes qui en souffrent à rectifier leur sens démesuré de la responsabilité personnelle et à atténuer leur anticipation de catastrophes. Des exercices visent la normalisation du sens démesuré de la responsabilité, le rétablissement de la confiance en la mémoire ainsi que la diminution des doutes et du sentiment de culpabilité.

Une équipe de l'université de Montréal a aussi présenté, le mois dernier, une nouvelle psychothérapie cognitive, dite thérapie basée sur les inférences (TBI). Le Pr Kieron O'Connor expliquait que les personnes atteintes ne s'appuient pas suffisamment sur leurs sens, leur imagination l'emportant sur leur perception (une personne qui se demande toujours si la porte est bien verrouillée ne s'attardera pas à des détails concrets comme le bruit du loquet mais se fiera plutôt à un raisonnement ou une histoire interne telle que “Un ami n'a pas fermé sa porte à clé et s'est fait voler”). La thérapie vise à amener la personne à distinguer le doute obsessionnel du doute normal, à reconnaitre les arguments personnels qui justifient le doute et les compulsions, à construire une autre histoire s'appuyant sur la réalité et les sens, à comprendre que le doute est issu de son imagination couplée à un raisonnement obsessionnel.

Rappelons que le trouble obsessionnel-compulsif est à distinguer du trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive.

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