Les personnes âgées atteintes d'un trouble cognitif léger ont de la difficulté à comprendre l'ironie, selon une étude québécoise publiée dans la revue Neuropsychology. Elles ont ainsi tendance à prendre les choses au pied de la lettre.

Voilà un exemple d'ironie : Annie vient de remporter le 10 km de l'Université Laval. Son copain l'attend à la ligne d'arrivée et lui lance: «On ne peut pas dire que tu es complètement dépourvue de talent». Que voulait-il réellement dire?

Geneviève Gaudreau et ses collègues ont mené cette étude avec 60 personnes, dont la moitié souffrait d'un trouble cognitif léger. Elles devaient distinguer les énoncés ironiques des énoncés mensongers contenus dans de courtes mises en situation. La compréhension des messages ironiques était deux fois moins bonne chez les personnes ayant un déficit cognitif.

La compréhension d'un énoncé ironique demande un effort cognitif important, souligne la chercheuse. En plus de comprendre ce que dit le locuteur, il faut saisir ce qu'il veut dire en réalité. "Ce processus est étroitement lié à la capacité d'attribuer une intention ou un état à une autre personne, phénomène relevant de la mentalisation", souligne-t-elle.

"Les personnes âgées présentant un trouble cognitif léger se plaignent de pertes de mémoire, mais elles sont toujours autonomes et fonctionnelles. Ce n'est pas un état de démence", précise Laura Monetta, coauteure. "Leur déclin est tout de même plus rapide que ce qu'on observe chez les gens qui vieillissent normalement. Il s'agit d'une étape appelée phase prodromique de l’Alzheimer durant laquelle se manifestent des symptômes précurseurs de cette maladie." Les personnes aux prises avec ce trouble ont 10 fois plus de risque que les personnes en santé de souffrir ultérieurement d'Alzheimer.

Des chercheurs ont déjà montré que les personnes atteintes de certaines maladies neurodégénératives telles que l’Alzheimer éprouvent de la difficulté à saisir l'ironie. Cette étude, souligne la chercheuse, est l'une des premières à rapporter la présence de ce même déficit chez les personnes ayant un trouble léger de la cognition.

Psychomédia avec source: Université Laval.
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