L'exposition au plomb chez les adultes, même à des niveaux généralement considérés comme ne posant que peu ou pas de risque, était associée à une probabilité accrue de dépression majeure et de trouble panique dans une étude canadienne publiée dans les Archives of General Psychiatry.

Maryse F. Bouchard de l'Université de Montréal (Québec) et ses collègues ont analysé des données (1) concernant 1,987 adultes âgés de 20 à 39 ans. De ce nombre, 134 (6.7%) rencontraient les critères diagnostiques du DSM-IV (2) de la dépression majeure, 44 (2.2%) rencontraient les critères du trouble panique et 47 (2.4%) d' anxiété généralisée (ou trouble anxieux généralisé).
Les personnes se situant dans les 20% ayant les niveaux sanguins de plomb les plus élevés avaient 2,3 fois plus de risque de dépression majeure et 4,9 fois plus de risque de trouble panique comparativement à celles se situant dans les 20% ayant les plus bas niveaux. Les risques augmentaient avec les niveaux de plomb. Cette relation était présente même en tenant compte dans l'analyse de l'influence de facteurs tels que l'âge, la race/ethnie, l'éducation , le ratio pauvreté/revenu. Des niveaux élevés de plomb n'étaient cependant pas associés à une probabilité accrue d'anxiété généralisée.

Le plomb est un neurotoxique omniprésent, et malgré une baisse marquée des niveaux sanguins au cours des trois dernières décennies, en grande partie à cause du retrait du plomb dans l'essence, d'importantes sources d'expositions demeurent (ex. détérioration des conduites d'eau, sources industrielles, ...).

La plupart des recherches sur les effets neurotoxiques ont porté sur les expositions prénatales ou tôt dans la vie et sur des niveaux très élevés d'expositions professionnelles où les travailleurs ont rapporté des troubles neuromoteurs, cognitifs et de l'humeur. Mais on en sait peu sur les effets de l'exposition à des niveaux plus fréquemment rencontrés par les adultes, disent les auteurs.

Puisque l'exposition au plomb peut contribuer au développement de ces troubles, les chercheurs suggèrent qu'une perturbation des processus neurochimiques, telle qu'une perturbation des systèmes catécholaminergiques (qui utilisent les neurotransmetteurs et hormones adrénaline, noradrénaline et dopamine), peut être impliqués.

(1) Données de la National Health and Nutrition Examination Survey (1999 à 2004).

(2) American Psychiatric association, DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Traduction française, Paris, Masson, 1996, 1056p.


Psychomédia avec source:
Medpage Today