Quatre compléments alimentaires ont été particulièrement étudiés contre la dépression, rapporte le Los Angeles Times dans un article de synthèse: les oméga-3, le millepertuis et le SAM-e sont étudiés depuis plusieurs décennies et, plus récemment, des données suggéreraient une efficacité des folates (vitamine B9).

Les oméga-3

À travers le monde, les taux de dépression sont plus faibles chez les populations qui consomment plus de poisson, en particulier les poissons riches en oméga-3 comme le saumon, le thon, les sardines et le maquereau.

Des études ont également montré que les niveaux d'oméga-3 sont plus faibles chez les personnes atteintes de dépression.

Deux études récentes ont analysé les études adéquatement conçues sur le sujet et viennent à la même conclusion: les oméga-3 semblent plus susceptibles d'être efficaces contre la dépression sévère mais pas contre la dépression mineure.

L'une de ces analyses, publiée dans l'American College of Nutrition en 2009, a trouvé que les compléments d'oméga-3 contenant principalement le type AEP étaient efficaces contre la dépression alors que ceux contenant principalement le type ADH ne l'étaient pas.

Mais selon les auteurs de ces deux méta-analyses, il demeure difficile de tirer des conclusions définitives à partir des études existantes en raison de divers problèmes de méthodologie.

Mais, si l'efficacité n'est pas définitivement démontrée, les études seraient unanimes à ne démontrer aucun effet secondaire indésirable. Ce qui amène plusieurs experts à promouvoir les oméga-3 dans l'alimentation ou sous forme de compléments étant donnés, par ailleurs, leurs bénéfices pour la santé cardiovasculaire.

Le millepertuis

Les opinions sont divisées concernant le millepertuis parmi les psychiatres étudiant les thérapies alternatives, rapporte le journal. Les résultats d'études comparant cette plante à un placebo ou à un antidépresseur sont contradictoires.

Et, pour couronner le tout, le millepertuis interfère avec une longue liste de médicaments d'ordonnance, dont les contraceptifs oraux, l'hormonothérapie de remplacement pour la ménopause, des anticoagulants, des immunosuppresseurs, des antirétroviraux et plusieurs antidépresseurs.

Les opinions sur le millepertuis sont généralement plus favorables en Europe, où il a une longue histoire d'utilisation comme antidépresseur. Une analyse de 29 études publiées en 2008 par la Collaboration Cochrane a conclu que pour les personnes souffrant de dépression majeure, le millepertuis était plus efficace qu'un placebo et équivalant aux antidépresseurs mais avec moins d'effets secondaires.

Mais, les résultats sont beaucoup moins impressionnants, selon Richard Shelton de l'Université Vanderbilt (États-Unis) si seules les études les mieux conçues sont analysées. Leurs résultats sont contradictoires et, de l'avis du chercheur, dans l'ensemble les données semblent suggérer que le millepertuis serait légèrement plus efficace qu'un placebo. Il estime que l'effet sur la dépression serait très modestes contrairement à ce que les premières études, présentant des lacunes méthodologiques, laissaient entrevoir.

Les folates (vitamine B9)

Les folates, une vitamine B (vitamine B9) qui est présente notamment dans les haricots, les lentilles, les légumes verts à feuilles, le jus d'orange et les œufs, est essentielle pour la santé.

Les études ont montré de façon consistante des résultats positifs contre la dépression, indique le psychiatre David Mischoulon de l'Université Harvard.

Les premiers indices, comme dans le cas des oméga-3, sont venus d'études qui montraient un lien entre la carence en folates et la dépression.

Les études se sont centrées sur 3 formes de folate: l'acide folique, une version synthétique; le 5-MTHF (ou L-méthylfolate) qui est un sous-produit du folate ou de l'acide folique: et l'acide folinique, un composé synthétique qui se décompose en 5-MTHF.

Plusieurs chercheurs se centrent maintenant sur le 5-MTHF car le folate est nécessaire pour la production des neurotransmetteurs dopamine, sérotonine et noradrénaline, et cette forme est la seule qui peut traverser la barrière hémato-encéphalique (barrière sang-cerveau). Ce qui signifie qu'une plus petite dose peut exercer le même effet qu'une dose beaucoup plus importante d'acide folique.

L'année dernière, l'American Psychiatric Association Task force on Complementary and Alternative Medicine a conclu que les composés folates semblaient pouvoir constituer "une part à faible risque et raisonnable d'un plan de traitement" pour la dépression majeure lorsque ajoutés aux médicaments antidépresseurs. Mais que des recherches devaient vérifier leur utilité lorsque pris seuls.

Le SAM-e

La SAM-e, ou S-adénosyl-L-méthionine, a un lien étroit avec les folates. L'organisme a besoin de 5-MTHF pour produire la SAM-e. Cette dernière est utilisée pour le traitement de la dépression en Europe depuis les années 1970. Aux États-Unis, elle n'est disponible commercialement que depuis les années 1990.

Plusieurs études et analyses des études existantes ont montré une efficacité, souvent rapide, supérieure à un placebo et équivalente ou supérieure aux antidépresseurs (certaines études montrent une efficacité chez des personnes n'ayant pas eu de rémission avec les antidépresseurs).

Dans son rapprot 2010, l'American Psychiatric Associtiation Task Force qualifiait les résultats sur le SAM-e de prometteurs mais notait que des "études définitives étaient toujours nécessaires".

Ces études peuvent être longues à venir, le SAM-e ne pouvant faire l'objet de brevet (en tant que composé naturel).

Psychomédia avec source: Los Angeles Times. Tous droits réservés.