Les médicaments antidiabétiques à base de pioglitazone, Actos et Competact du laboratoire japonais Takeda, qui favoriseraient les cancers de la vessie, créent de vives tensions à l'Agence française du médicament (Afssaps), rapporte Le Figaro.

Les échanges seraient houleux à l'Agence entre les partisans de la suspension de commercialisation et ceux qui préfèrent attendre.

Pour certains, l'histoire du Mediator semble se répéter à l'Agence, malgré les promesses du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, et la nomination d'un nouveau directeur. Ceux qui s'opposent à la suspension immédiate d'Actos et Competact seraient les mêmes qui s'opposaient au retrait du Mediator, relèvent-ils.

En septembre 2010, l’Agence américaine des médicaments (FDA) a fait état de résultats d’ une étude indiquant un lien entre les cancers de la vessie et la pioglitazone. Du côté de l'Afssaps, la commission de pharmacovigilance a répertorié 15 cas de cancers de la vessie lié au médicament. Le 29 mars dernier, cette commission a donné un avis de suspension immédiate. Mais la commission d’autorisation de mise sur le marché de l'Agence a plutôt décidé, dans sa réunion du 7 avril, d'attendre les résultats d'une étude qu'elle a lancée début 2011 et une décision de l'Agence européenne du médicament qui n'interviendra pas avant quelques mois. En attendant, elle a émis, le 19 avril, une mise en garde à l'intention des professionnels de santé.

Certains experts en colère demandent si la commission de pharmacovigilance sert encore à quelque chose. «Pour le dire clairement, on a voté que l'on n'était pas capable de voter. (...)».

Actos et Competact font partie de la même classe d'antidiabétiques (les glitazones ou thiazolidinediones) que la rosiglitazone (Avandia, en combinaison: Avandamet, Avaglim) qui a été retirée du marché européen en septembre 2010 en raison de risques cardiovasculaires importants. Cette classe diminuerait la glycémie en améliorant la sensibilité des muscles et des tissus adipeux à l'insuline.

Les risques liés à ces médicaments ne sont pas justifiés par leurs bénéfices selon plusieurs. À plusieurs reprises la revue indépendante Prescrire a exprimé l'avis que les glitazones sont inefficaces, inutiles et à éviter. En mai 2007, elle écrivait: «Les patients et les soignants ont intérêt à se passer des glitazones. Les antidiabétiques oraux à utiliser en première intention restent la metformine (Glucophage ou autre) en cas de surpoids, et le glibenclamide (Daonil ou autre)sinon. Et quand ils ne conviennent pas, mieux vaut réviser soigneusement les objectifs glycémiques et parfois envisager l'insuline.»

En avril 2008, la commission de transparence de la Haute Autorité de santé considérait qu'il n'était «pas attendu d'intérêt de santé publique» pour la pioglitazone.

Une étude publiée en 2008 montrait aussi un risque accru de fractures chez les femmes avec Actos et Avandia. D'autres effets secondaires seraient notamment une prise de poids et une rétention d'eau et de sel. (Actos et Competact entraînent aussi une prise de poids en agissant sur le cerveau)

L'Actos fait partie des 8 médicaments dangereux dont l'association de consommateurs UFC-Que Choisir réclame le retrait immédiat du marché.

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