Des chercheurs estiment avoir identifié la cause de la fibromyalgie. De nombreux symptômes de la fibromyalgie sont causés par des anticorps qui augmentent l'activité de nerfs sensibles à la douleur dans tout le corps, ont-ils montré.

Ils montrent ainsi que la fibromyalgie est une maladie auto-immune, une maladie du système immunitaire, plutôt que d'être d'origine cérébrale, tel que considéré par l'opinion actuellement prévalente.

Leurs travaux sont publiés en juillet 2021 dans le Journal of Clinical Investigation.

David Andersson de l'Institute of Psychiatry, Psychology & Neuroscience (IoPPN) du King's College London et ses collègues (1) ont démontré que l'augmentation de la sensibilité à la douleur, la faiblesse musculaire, la diminution du nombre de petites fibres nerveuses dans la peau, caractéristiques de la fibromyalgie, sont toutes des conséquences d'anticorps des patients.

Ils ont injecté à des souris 1) des anticorps provenant de personnes atteintes de fibromyalgie, 2) du sérum sanguin de personnes atteintes de fibromyalgie dans lequel les anticorps ont été éliminés ou 3) des anticorps de personnes en santé.

Les souris qui ont reçu les anticorps de personnes souffrant de fibromyalgie ont rapidement développé une sensibilité accrue à la pression et au froid, ainsi qu'une réduction de la force de préhension alors que les souris des deux autres groupes n'ont pas été affectées, ce qui démontre que les anticorps des personnes fibromyalgiques causent la maladie, ou du moins y contribuent largement, concluent les chercheurs.

Les souris qui ont reçu des anticorps de personnes fibromyalgiques se sont rétablies après quelques semaines, lorsque les anticorps ont été éliminés de leur système.

Cette découverte suggère fortement que les traitements qui réduisent les niveaux d'anticorps sont susceptibles d'être efficaces. De tels traitements sont déjà disponibles et sont utilisés pour traiter d'autres troubles causés par des auto-anticorps, indique le communiqué des chercheurs.

« Les implications de cette étude sont profondes », souligne Andersson. Le fait d'établir que la fibromyalgie est un trouble auto-immun va transformer notre façon de voir la maladie et devrait ouvrir la voie à des traitements plus efficaces pour les millions de personnes concernées. Notre travail a mis en évidence un tout nouveau domaine d'options thérapeutiques et devrait donner un réel espoir aux patients atteints de fibromyalgie ».

« L'exploration antérieure de traitements a été entravée par une compréhension limitée de la maladie. Cela devrait maintenant changer. Le traitement du syndrome est axé sur des exercices aérobiques doux, ainsi que sur des traitements médicamenteux et psychologiques destinés à gérer la douleur, bien qu'ils se soient avérés inefficaces chez la plupart des patients et qu'ils aient laissé derrière eux d'énormes besoins cliniques non satisfaits. »

« Lorsque j'ai lancé cette étude au Royaume-Uni, je m'attendais à ce que certains cas de fibromyalgie soient auto-immuns », rapporte Andreas Goebel de l'Université de Liverpool, coauteur. Mais l'équipe de David a découvert des anticorps responsables de la douleur chez chaque patient recruté. Ces résultats offrent un espoir incroyable que les symptômes invisibles et dévastateurs de la fibromyalgie deviennent traitables ».

« Les anticorps des personnes atteintes de fibromyalgie vivant dans deux pays différents, le Royaume-Uni et la Suède, ont donné des résultats similaires, ce qui renforce considérablement nos conclusions. La prochaine étape consistera à identifier les facteurs auxquels les anticorps induisant les symptômes se lient. Cela nous aidera non seulement à développer de nouvelles stratégies de traitement, mais aussi à mettre au point des tests sanguins de diagnostic, qui font aujourd'hui défaut », ajoute Camilla Svensson de l'Institut Karolinska, également coauteure.

Pour plus d'informations sur la fibromyalgie, voyez les liens plus bas.

(1) Andreas Goebel, Emerson Krock, Clive Gentry, Mathilde R. Israel, Alexandra Jurczak, Carlos Morado Urbina, Katalin Sandor, Nisha Vastani, Margot Maurer, Ulku Cuhadar, Serena Sensi, Yuki Nomura, Joana Menezes, Azar Baharpoor, Louisa Brieskorn, Angelica Sandström, Jeanette Tour, Diana Kadetoff, Lisbet Haglund, Eva Kosek, Stuart Bevan, Camilla I. Svensson, David A. Andersson.

Psychomédia avec sources : King’s College London, Journal of Clinical Investigation.
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