Une molécule qui joue un rôle de messager dans le système immunitaire peut contrôler l'inflammation cérébrale qui est en cause dans les maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et rétablir des fonctions cognitives altérées dans un modèle animal, montre une étude française publiée dans la revue Brain.

« Il existe de nombreuses interactions entre le système nerveux central et le système immunitaire. »

« Les cellules du système immunitaire circulent dans le cerveau et peuvent jouer un rôle – direct ou indirect – dans les maladies neurologiques. »

« Ainsi, un rôle direct est démontré dans la sclérose en plaques et un rôle indirect est retrouvé à travers l’inflammation. La neurodégénérescence entraîne une neuroinflammation qui contribue à amplifier la neurodégénérescence initiale, générant un cercle vicieux qui aggrave la pathologie. »

« Cette implication du système immunitaire suggère que l’immunothérapie, qui a montré son efficacité dans le domaine du cancer et des maladies auto-immunes, a également un intérêt majeur dans le traitement des maladies neurodégénératives. »

C’est ce que confirment les équipes de Nathalie Cartier-Lacave et de David Klatzmann de l'Inserm.

« Dans la maladie d'Alzheimer, la protéine amyloïde β s’agrège dans des plaques extracellulaires autour desquelles s’accumulent des astrocytes réactifs et des cellules microgliales activées qui sont des cellules immunitaires du cerveau. Elles contribuent à dissoudre ces plaques et secrètent des cytokines (dont des interleukines) qui sont des messagers régulant l’intensité de la réponse immunitaire du cerveau. »

« Des travaux récents ont montré que les souris déficientes en interleukines-2 (IL-2) ont des capacités d’apprentissage et de mémoire affaiblies qui rappellent la maladie d’Alzheimer. De plus, l’IL-2 est actuellement en évaluation dans le traitement de plusieurs maladies auto-immunes pour sa capacité à stimuler les lymphocytes T régulateurs (Tregs) dont le rôle est de contrôler l’inflammation. »

Les chercheurs ont tout d’abord mis en évidence une diminution importante des taux d’IL-2 dans des biopsies cérébrales de personnes décédées de la maladie d’Alzheimer. Ce qui les a conduits à évaluer le potentiel thérapeutique de cette molécule dans un modèle de la maladie chez la souris.

« Les souris ont été traitées à un stade où elles avaient déjà des atteintes cérébrales. Ce traitement chronique a induit une expansion et une activation des lymphocytes T régulateurs dans le cerveau, et entraîné une réduction des plaques amyloïdes.

Les chercheurs montrent que cette diminution de la “charge” amyloïde s’accompagne d’un important remodelage tissulaire marqué par une amélioration de la structure et de la fonction des synapses (communication entre les cellules nerveuses). Cette amélioration est synonyme de récupération des déficits de mémoire.

Alors que les souris non traitées échouaient dans les tests de mémoire, les souris traitées avaient des résultats comparables aux souris normales. Ces effets bénéfiques sur les plaques amyloïdes et la plasticité synaptique s’accompagnent, autour des plaques, de l’activation des astrocytes, ces cellules dont le rôle protecteur a été identifié dans la maladie d’Alzheimer.

“Ce travail fait la preuve de l’intérêt des immunothérapies pour le traitement de la maladie d’Alzheimer, et notamment de l’intérêt de l’interleukine-2, estiment les auteurs. Ce traitement s’attaque aux conséquences de la maladie, la perte des synapses et les symptômes cognitifs qui l’accompagnent. Son potentiel thérapeutique devra maintenant être évalué chez l’homme”, concluent-ils. »

Psychomédia avec source : Inserm.
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