Alors que la moitié des divorces se produisent dans les sept premières années de mariage, des recherches montrent que les gens sont généralement non seulement très satisfaits de leurs relations au début mais aussi engagés et optimistes par rapport à l'avenir de leur relation. Il leur est difficile de s'imaginer qu'elle pourrait se dégrader (Clements and al., 1997; Gottman et Silver, 1999).

Pourquoi n'ont-ils pas été capables de maintenir leur satisfaction et leur engagement alors ? Peut-on identifier des différences entre les couples qui réussissent à vivre heureux et ceux qui y échouent? Y a-t-il des facteurs qui sont

prédicteurs du succès ou de l'échec des relations ? Des recherches ont récemment posé cette dernière question.

Dans ces recherches, plusieurs couples ont été suivis pendant plusieurs années. Différentes caractéristiques de leur relation (ex. leurs modes de communication lors de divergences, leur niveau d'engagement, d'harmonie sexuelle, etc.) ont été observées et mesurées. Après quelques années, alors que les couples peuvaient se diviser en deux groupes, ceux qui se sont séparés ou se considèraient malheureux et ceux qui étaient satisfaits de leur relation, les chercheurs vérifiaient si l'appartenance à ces groupes étaient reliée aux caractéristiques observées plusieurs années auparavant. Aurait-on pu prévoirquels couples allaient se séparer ?

Différentes équipes de chercheurs dont celles de Clements et Markman (Clements, et al., 1997) et de Gottman (Gottman et Silver, 1999) ont constaté que certaines caractéristiques permettaient en effet, avec une précision assez grande, de prédire les probabilités d'insatisfaction et de séparation. Résultat étonnant, ils ont constaté que les aspects positifs d'une relation qui débute tels que le niveau d'engagement, d'harmonie sexuelle, d'intimité, de satisfaction, etc. ne permettaient pas de prédire les probabilités de succès d'une relation. Ce qui semblait prédicteur par contre, était la façon dont les couples réagissaient aux divergences et aux conflits lorsqu'ils se présentaient.

Pour tous les couples, des différences et des conflits apparaissent inévitablement. Ils doivent décider où vivre, comment diviser les tâches, comment gérer l'argent, quelle carrière privilégier, comment répartir leur temps de loisir, personnel et avec la famille, etc.. Les différences dans les goûts, les besoins, les priorités et les idées entre les partenaires amènent des conflits d'intérêts souvent difficilement conciliables. Selon ces recherches, ce n'est pas le fait d'avoir des conflits qui serait prédicteur d'échec, ni le nombre, ni les domaines de conflits. Les couples heureux après plusieurs années ont aussi des sujets de mécontentement, des conflits non résolus et des discussions parfois pénibles. Mais chez les couples qui se retrouvent séparés ou insatisfaits, on observerait beaucoup plus fréquemment certaines façons négatives de réagir aux conflits qui s'avèrent néfastes. Elles enclenchent une escalade où tout est interprété de façon de plus en plus négative. Les pensées et les sentiments négatifs envers l'autre deviennent envahissants au point que, dans le quotidien, les aspects positifs de la relation perdent du terrain. Il ne reste plus beaucoup d'amitié, c'est-à-dire de respect et de plaisir d'être ensemble (Gottman et Silver, 1999).

L'échec des relations conjugales serait ainsi dû, selon les chercheurs, à l'érosion des aspects positifs exercée par les comportements négatifs. Un acte négatif contrebalancerait plusieurs actes positifs (faire une activité ensemble, faire l'amour, etc.). C'est ce qui ferait que les aspects positifs ayant amené les partenaires à être ensemble et qui alimentaient leur satisfaction dans les premiers temps ne permettraient pas de prédire le succès de leur relation.

Partie 2: Les réactions néfastes aux conflits
Partie 3: L'apparition des conflits d'intérêt
Partie 4: Les processus de conflits
Partie 5: Les facteurs influençant les conflits