Le quotidien Le Monde a recueilli les propos de Marian Apfelbaum, directeur de l'unité Inserm de nutrition humaine et auteur de plusieurs livres sur la nutrition, concernant le médicament Alli d'aide à la perte de poids et d'autres médicaments pour maigrir qui ont été retirés du marché.

L'avis de M. Apfelbaum sur le Alli (dont le principe actif, l'orlistat, est le même, en dose deux fois moindre, que celui du Xenical disponible avec prescription médicale depuis une dizaine d'année) est tranché: la version deux fois plus puissante, le Xénical, a un effet négligeable sur le poids après un an, et nul à trois ans.

L'Alli agit en empêchant l'absorption des graisses alimentaires. Étant donnés ses effets secondaires incommodants (diarrhées), "il est clair que toute personne modérément masochiste a deux possibilités : arrêter le traitement ou cesser de manger gras, et, en ce cas, ce médicament ne sert à rien."

"Quand il a été commercialisé, sur ordonnance, il y a une douzaine d'années aux États- Unis, il a d'abord eu du succès, ce qui m'a rendu perplexe", rapporte M. Apfelbaum. "Mais, au bout de six mois, les ventes se sont écroulées et ne sont jamais remontées."

Dans les années 1960, M. Apfelbaum avait combattu pour faire reconnaïtre des dangers de l'association "coupe-faim, extraits thyroïdiens, diurétiques" souvent prescrite et sur laquelle l'ordre des médecins et l'ordre des pharmaciens se voulaient rassurants. Il avait alerté l'opinion sur les dangers de ces produits, qui rendaient malades, et avaient même causé des morts. Suite à des reportages dans les journaux, ces pratiques avaient été interdites.

D'autres médicaments pour la perte de poids, Isoméride et Acomplia, à l'élaboration desquels M. Apfelbaum a participé ont été interdits en raison des dangers trop importants qu'ils comportaient.

Isoméride (amphétamines, non psychostimulant donc non addictif) avait un effet anorexigène mais il pouvait causer une maladie rare et grave, l'hypertension artérielle pulmonaire. Il a donc été interdit.

Acomplia (rimonabant), inhibiteurs d'endorphines (hormones du plaisir, dont le plaisir à manger) coupait le plaisir de manger mais aussi d'autres plaisirs, et, chez certains, il induisait une tendance dépressive (n'était-ce pas prévisible? NDLR). Il y a eu des suicides. Il a donc été interdit à l'automne 2008.

Il faut donc abandonner l'idée des médicaments anti-obésité ?, questionne Josyane Savigneau du Monde.

"Pour maigrir, il faut modifier son comportement alimentaire. Mais c'est difficile, d'autant que les nourritures pauvres en graisse et en calories sont beaucoup plus chères que les nourritures grasses et sucrées."

"Et c'est très difficile si l'on est très gros. (...) Car il faut bien avoir conscience que pour maigrir lorsqu'on est obèse, il faut être bien guidé, bien structuré, avoir un psychisme particulier. Et la solution n'est sûrement pas Alli."

Psychomédia avec source:
Le Monde