Une bonne compréhension de la personnalité peut aider à comprendre pourquoi nous mangeons ce que nous mangeons, et ce que nous pouvons faire à ce sujet, expose le psychologue Patrick Fagan dans une chronique publiée par le site PsychCentral.

Il présente une revue des études en psychologie qui portent sur les liens entre les 5 grands traits classiques de la personnalité (appelés "Big five") et les comportements alimentaires ayant une incidence sur le contrôle du poids.

L'ouverture

Des études ont montré que les personnes les plus ouvertes aux expériences ont tendance à être plus minces. (FAITES LE TEST : Quels sont vos grands traits de personnalité?)

Elles pourraient être plus ouvertes à diversifier leur alimentation en ajoutant des nouveaux aliments. Par exemple, une étude menée avec 2000 Estoniens montrait qu'elles pourraient avoir une alimentation plus variée. Les personnes les plus ouvertes étaient moins susceptibles d'avoir une alimentation traditionnelle de ce pays (viande, pommes de terre, pain…) et plus susceptibles d'avoir une alimentation saine (fruits et légumes frais, céréales entières, poisson…). Les mêmes chercheurs ont montré que les Écossais ayant un score d'ouverture élevé étaient plus susceptibles d'avoir une alimentation de type méditerranéen plutôt qu'une alimentation motivée par la commodité (légumes en conserve, aliments transformés et préparés…).

Les personnes ouvertes, étant plus curieuses intellectuellement, pourraient aussi avoir plus de connaissances sur l'alimentation. Des études ont montré que leur alimentation était plus restreinte cognitivement (par ex. elles évitent davantage les aliments trop gras).

Ce trait de personnalité serait, selon une étude, celui qui prédit le mieux une alimentation saine.

La consciencieusité

La consciencieusité (1) est sans doute, indique le psychologue, le deuxième prédicteur. Des liens ont depuis longtemps été montré entre ce trait et la santé en général.

Dans une méta-analyse de plusieurs grandes études menées sur plusieurs années, les personnes consciencieuses avaient un risque plus faible d'obésité et elles étaient plus susceptibles de perdre du poids si elles étaient obèses.

Des études ont montré que les personnes consciencieuses ont tendance à avoir une meilleure alimentation et une moins grande propension à l'hyperphagie (binge eating). Ces personnes mettraient davantage en œuvre des capacités de planifier et de s'abstenir de l'indulgence. Elles utilisent davantage la restriction cognitive, c'est-à-dire, un contrôle intentionnel, de leur alimentation. Elles mangeraient moins pour des raisons émotives ou en cas de stress.

L'extraversion

Des études ont constaté un lien entre l'extraversion et l'indice de masse corporelle. Ce qui s'expliquerait par une plus grande réactivité aux récompenses et une tendance à aller vers les choses agréables.

Les personnes extraverties auraient ainsi tendance à avoir une alimentation plus riche en gras et en sucre.

Une revue de la littérature en neuroscience a montré que l'obésité avait tendance a être liée à une plus faible activité dans les régions cérébrales préfrontales qui sont associées au contrôle de soi (ex. consciencieusité), une plus grande réactivité des circuits de récompense (ex. extraversion) et une connectivité plus faible entre les deux.

Ainsi les personnes extraverties qui seraient en même temps consciencieuses pourraient mieux contrôler leurs comportements alimentaires.

L'amabilité

La relation entre l'amabilité et l'alimentation saine est peut-être la moins prononcée tout en étant légèrement significative. Une faible amabilité a été liée à un IMC plus élevé dans la quarantaine et à une plus grande augmentation de l'IMC avec les années.

La raison est probablement, selon le psychologue, que les gens agréables sont plus susceptibles de "respecter les règles" quand il s'agit de leur alimentation. Quelques études ont montré des liens avec une alimentation saine et une moins grande consommation d'alcool ainsi qu'avec des attitudes plus positives à l'égard d'une alimentation saine. Dans l'étude écossaise mentionnée plus haut cependant, les personnes ayant des scores élevés à ce trait de personnalité adhéraient davantage à l'alimentation de commodité (aliments transformés et préparés). Elles pourraient ainsi avoir tendance à adopter une alimentation malsaine lorsque cette dernière est socialement acceptée.

Le névrotisme

Les personnes qui ont un niveau élevé de névrotisme (tendance aux émotions négatives telles que l'anxiété et la dépression…) ont tendance à avoir un poids plus élevé. La raison pourrait être qu'elles ont davantage tendance à manger pour des raisons émotives.

(1) Bien que le terme consciencieusité n'existe pas en français, plusieurs chercheurs l'ont retenu car il est plus pratique à utiliser que l'expression le fait d'être consciencieux.

Psychomédia avec source: PsychCentral
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