La santé mentale des gens qui ont la chance de vivre dans une demeure à laquelle ils sont attachés est, en moyenne, moins affectée par la pandémie, selon une étude publiée fin octobre 2020 dans le Journal of Environmental Psychology.

Benjamin R. Meagher et Alyssa D. Cheadle, professeurs de psychologie au Hope College (États-Unis), ont mené cette étude avec 289 personnes âgées de 19 à 72 ans recrutées en ligne. Elles ont été interrogées à trois reprises, aux 2 semaines, à partir du début de la pandémie.

Les chercheurs ont utilisé le modèle des psychologues Leila Scannell et Robert Gifford (2010) qui décrit trois dimensions de l'attachement psychologique à sa demeure :

  • affective : les gens forment des liens affectifs avec leur foyer, le considérant généralement comme un lieu qui permet de se centrer émotionnellement, et qui facilite la récupération et la régulation des émotions ;

  • cognitive : la demeure renforce l'identité (des études ont notamment montré que les demeures tendent à refléter les caractéristiques de leurs occupants, telles que les traits de personnalité) ;

  • comportementale : les caractéristiques de la demeure et de son environnement influencent les activités et le mode de vie.

L'attachement à la demeure était évalué par 12 questions portant sur ces composantes : par exemple, « Je me sens le plus heureux(se) lorsque je suis à la maison », « Ma demeure reflète le type de personne que je suis », « Ma demeure est la meilleure pour faire les choses que j'aime le mieux ».

Les participants ont également évalué l'ambiance de leur demeure selon quatre catégories d'émotions ou d'expériences : récupération (tranquillité, régénération, intimité) ; vie de famille ou amitié ; stimulation (plaisir, divertissement) et productivité (créativité...). La personnalité des participants était aussi évaluée selon le modèle des cinq grandes dimensions de la personnalité (faites le test).

Tout le monde n'a pas la capacité de créer un environnement domestique souhaitable (intimité pour chaque occupant, espace pour les activités, ambiance…), soulignent les chercheurs. Les personnes ayant de faibles revenus notamment ont moins de ressources pour rénover et réaménager et sont plus susceptibles d'être locataires.

Lors des trois interviews, l'attachement au domicile était associé à moins de symptômes de dépression, d'anxiété et de stress.

Les personnes les plus attachées à leur demeure au début de l'épidémie étaient moins susceptibles de voir leur santé mentale se détériorer dans les semaines suivantes.

L'ambiance familiale ou amicale était particulièrement liée à l'attachement à la maison. Des traits de personnalité qui étaient les plus fortement associés à l'attachement à la maison étaient la tendance à être consciencieux et l'amabilité.

Une limitation de cette étude, mentionnent les auteurs, est l'absence de données concernant d'autres facteurs démographiques potentiellement liés à l'attachement au foyer et à l'exposition potentielle au virus (par exemple, la profession et le statut socio-économique). Des études ont montré qu'un faible statut socioéconomique est souvent lié à un moins grand attachement à la demeure. Ainsi, une partie du lien entre un faible attachement et la santé mentale pourrait s'expliquer par l'ensemble des difficultés liées à une situation socioéconomique désavantageuse.

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Psychomédia avec sources : Journal of Environmental Psychology, Journal of Environmental Psychology.
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