Des chercheurs ont remarqué sur des forums de discussion que de nombreuses personnes atteintes d'aphantasie, qui est une incapacité ou une capacité réduite de visualiser des images mentales, n'aimaient pas lire de la fiction.

Cette constatation les a menés à réaliser une étude visant à vérifier les réactions émotives de personnes aphantasiques à la lecture d'histoires.

Les résultats sont publiés en mars 2021 dans la revue Proceedings of the Royal Society B.

Joel Pearson, de l'université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie), et ses collègues (1) ont évalué les réactions émotives de 22 personnes atteintes d'aphantasie et 24 personnes capables d'imagerie mentale, à la lecture sur écran de scénarios angoissants dans lesquels une personne, par exemple, était poursuivie par un requin, tombait d'une falaise ou était dans un avion sur le point de s'écraser.

La réaction émotionnelle était évaluée au moyen d'une mesure de la conductivité électrique de la peau. Cette mesure est couramment utilisée dans la recherche en psychologie pour mesurer l'expression physique des émotions.

A la lecture des histoires, les niveaux de conductivité de la peau ont rapidement augmenté chez les personnes qui étaient capables de les visualiser. Mais chez les personnes atteintes d'aphantasie, les niveaux de conductivité cutanée sont restés pratiquement inchangés.

L'expérience a été répétée en utilisant des images effrayantes à la place du texte. Cette fois-ci, la conductibilité de la peau a augmenté dans les deux groupes.

Ces résultats montrent que l'imagerie mentale joue un rôle clé dans le lien entre les pensées et les émotions, conclut le chercheur.

« Dans toutes nos recherches à ce jour, c'est de loin la plus grande différence que nous ayons trouvée entre les personnes atteintes d'aphantasie et la population générale », ajoute-t-il.

L'aphantasie touche 2 à 5 % de la population. Une étude de cette équipe publiée en 2020 a montré que l'aphantasie est liée à des différences dans la mémorisation, les rêves et l'imagination.

Il est important de noter, précise le chercheur, que les résultats sont basés sur des moyennes et que toutes les personnes atteintes d'aphantasie n'ont pas la même expérience de lecture. L'étude portait aussi sur la peur, d'autres réactions émotionnelles à la fiction pourraient être différentes.

« L'aphantasie se présente sous différentes formes et ampleurs », souligne-t-il. « Certaines personnes n'ont aucune imagerie visuelle, tandis que d'autres n'ont aucune imagerie dans un ou tous leurs autres sens. Certaines personnes rêvent alors que d'autres ne rêvent pas. »

« L'aphantasie est une diversité neuronale », dit-il. « C'est un exemple étonnant de la diversité de notre cerveau et de nos esprits. »

Pour plus d'informations sur l'aphantasie et l'imagerie mentale, voyez les liens plus bas.

(1) Marcus Wicken and Rebecca Keogh.

Psychomédia avec sources : University of New South Wales, Proceedings of the Royal Society B.
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