La kétamine pour le traitement de la dépression résistante aux antidépresseurs est efficace pour réduire rapidement les symptômes.

Cette réduction est aussi accompagnée d'une réduction de biais de la pensée typiques de la dépression, montre une étude française publiée en septembre 2022 dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) Psychiatry.

Les épisodes de dépression, qu'ils correspondent à la dépression majeure ou bipolaire, sont caractérisés « par une tristesse et une perte des sensations hédoniques ne s’améliorant pas lors de l’expérience d’événements positifs », explique le communiqué des chercheurs (Inserm).

Les personnes déprimées présentent aussi, ont montré des études, des biais cognitifs qui se manifestent par des pensées négatives persistantes portant sur elles-mêmes, le monde et le futur. Cette « triade cognitive négative », selon l'appellation introduite par le psychiatre américain Aaron T. Beck, contribue à entretenir la dépression. (10 distorsions cognitives qui entretiennent des émotions négatives)

Ces croyances persistent même lorsque la personne reçoit des informations positives. Le contenu excessivement négatif des croyances concernant l'avenir implique une sensibilité réduite aux informations qui contredisent la croyance. Ce phénomène de pessimisme généralisé contraste fortement avec l'optimisme irréaliste fréquemment observé chez les personnes en bonne santé.

« Environ un tiers des personnes souffrant de dépression ne répondent pas aux antidépresseurs les plus couramment prescrits, conduisant au diagnostic de dépression résistante au traitement. »

« La kétamine, un anesthésique couramment utilisé, a montré un effet sur la dépression résistante. Alors que les traitements antidépresseurs classiques mettent du temps avant d’agir (en moyenne trois semaines), la kétamine entraine un effet antidépresseur rapide, seulement quelques heures après son administration. »

Afin d'évaluer si ces effets précoces de la kétamine ont un impact sur le biais de croyances, Hugo Bottemanne de l'Université Sorbonne (Inserm) et ses collègues (1) ont mené la présente étude, avec 26 personnes, recrutées au département de psychiatrie de l'Hôpital Pitié-Salpêtrière, souffrant de dépression majeure ou de dépression bipolaire n'ayant pas été améliorée par au moins deux antidépresseurs. Trente volontaires en santé constituaient un groupe de comparaison.

Les participants des deux groupes devaient d’abord estimer la probabilité de survenue dans leur vie de 40 évènements « négatifs » (par exemple, avoir un accident de voiture, être atteint d’un cancer, ou perdre son portefeuille). Ils ont ensuite été informés des risques réels de leur survenue dans la population générale.

Les chercheurs se sont intéressés à la mise à jour des croyances face aux informations factuelles et positives que les participants avaient reçues. Ceux en santé du groupe de comparaison avaient tendance à mettre davantage à jour leurs croyances initiales que ceux souffrant de dépression.

Les participants souffrant de dépression ont reçu trois administrations de kétamine à une posologie subanesthésique (0,5 mg/kg en 40 minutes) en une semaine. Seulement quatre heures après la première administration, leur capacité à mettre à jour leurs croyances face à des informations positives était accrue. Ils devenaient moins sensibles aux informations négatives, et retrouvaient une capacité à mettre à jour leurs connaissances comparable à celle des participants témoins.

L’amélioration des symptômes dépressifs après le traitement par kétamine était en lien avec ces changements dans la mise à jour des croyances, suggérant qu’il y aurait un lien entre l’amélioration clinique et les modifications de ce mécanisme cognitif. « Plus la capacité de mise à jour des croyances des patients était augmentée, plus l’amélioration des symptômes était importante », expliquent les chercheurs.

Dans cette étude, les patients atteints de dépression résistante aux antidépresseurs ont présenté une diminution significative de leurs symptômes et sont devenus plus réceptifs aux expériences « positives » après une semaine de traitement à la kétamine, concluent-ils. (Kétamine pour le traitement de la dépression résistante : actualités)

Pour plus d'informations sur la dépression, voyez les liens plus bas.

(1) Orphee Morlaas, Anne Claret, Tali Sharot, Philippe Fossati, Liane Schmidt.

Psychomédia avec sources : Inserm, JAMA Psychiatry.
Tous droits réservés.