Un déséquilibre entre les efforts demandés au travail et la reconnaissance de ces efforts peut se traduire par une hausse des congés pour cause de santé mentale, montre une étude québécoise publiée dans la revue Occupational and Environmental Medicine.

Ruth Ndjaboué de l'Université Laval et ses collègues ont mené cette étude avec 2086 cols blancs occupant un emploi dans la fonction publique qui ont été suivis pendant 9 ans.

Les participants ont rempli, à 3 reprises, un questionnaire portant sur les efforts exigés par leur travail et la reconnaissance exprimée par leur employeur.

La composante «effort» reflète la demande psychologique associée au poste alors que la composante «reconnaissance» se manifeste concrètement par des rétroactions positives venant des supérieurs ou encore par un rajustement de la rémunération, par la sécurité d'emploi ou par une promotion, précisent les chercheurs.

28% des répondants ressentaient un déséquilibre effort-reconnaissance au travail.

17% des femmes et 8% des hommes s'étaient absentés au moins une fois, pour une période de 5 jours ou plus, en raison d'un problème de santé mentale attesté par un médecin. Les absences étaient de 96 jours en moyenne.

Le risque d'avoir une première absence pour cause de santé mentale était 38% plus élevé chez les travailleurs qui ressentaient un déséquilibre effort-reconnaissance. Le manque de valorisation semble affecter davantage les hommes que les femmes: les hommes qui estimaient recevoir une faible reconnaissance couraient presque 3 fois (300%) plus de risques s'absenter comparativement à 24% plus de risque chez les femmes.

Les femmes semblent composer différemment avec le manque de reconnaissance», souligne la chercheuse. L'explication pourrait venir du fait que, dans plusieurs contextes sociaux, notamment à la maison, les femmes sont habituées à recevoir moins de reconnaissance pour les tâches qu'elles accomplissent, avance-t-elle.

Une plus grande valorisation des efforts des travailleurs pourrait réduire les problèmes de santé mentale et les pertes de productivité qui en découlent, concluent les chercheurs.

(1) Chantal Brisson, Michel Vézina, Caty Blanchette et Renée Bourbonnais.

Psychomédia avec source: Université Laval.
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