Une étude américaine, publiée en avril 2021 dans la revue Molecular Psychiatry, jette un nouvel éclairage sur les bases biologiques des troubles de l'humeur et propose un test sanguin prometteur pour une approche de médecine de précision pour le traitement.

« Nous avons été des pionniers dans le domaine de la médecine de précision en psychiatrie au cours des deux dernières décennies », souligne Alexander B. Niculescu, professeur de psychiatrie à l'Université d'Indiana.

Les travaux de l'équipe décrivent la mise au point d'un test sanguin, composé de biomarqueurs d'ARN, qui permet de distinguer la gravité de la dépression d'un patient, le risque qu'il développe une dépression sévère à l'avenir et le risque de trouble bipolaire. Le test permet également d'adapter les choix de médicaments.

Cette étude s'est initialement déroulée sur quatre ans, avec plus de 300 participants. Les chercheurs les observaient dans des états d'humeur élevée et dépressive, en notant ce qui changeait en termes de marqueurs biologiques sanguins entre les deux états.

Ensuite, l'équipe a utilisé de grandes bases de données élaborées à partir de toutes les études précédentes dans le domaine, afin de procéder à une validation croisée et de hiérarchiser leurs résultats. Ils ont ensuite validé les 26 principaux biomarqueurs candidats dans des cohortes indépendantes de personnes souffrant de dépression ou de manie sévères. Enfin, les biomarqueurs ont été testés dans des cohortes indépendantes supplémentaires afin de déterminer leur capacité à prédire qui est malade et qui le deviendra à l'avenir.

Les chercheurs ont ensuite pu démontrer comment certains médicaments sont plus efficaces en lien avec les biomarqueurs spécifiques des patients.

« Avec ces travaux, nous avons voulu mettre au point des tests sanguins pour la dépression et le trouble bipolaire, afin de faire la distinction entre les deux et d'associer les personnes aux bons traitements », explique le chercheur. « Les biomarqueurs sanguins apparaissent comme des outils importants dans les troubles pour lesquels l'autodéclaration subjective d'une personne, ou l'impression clinique d'un professionnel de la santé, ne sont pas toujours fiables. » (Le trouble bipolaire en France : diagnostiqué beaucoup trop tardivement)

Ces tests sanguins peuvent aussi ouvrir la voie à une correspondance précise et personnalisée avec les médicaments, ainsi qu'à un suivi objectif de la réponse au traitement.

En plus des avancées diagnostiques et thérapeutiques découvertes dans cette étude, l'équipe de Niculescu a découvert que les troubles de l'humeur sont sous-tendus par des gènes de l'horloge circadienne - les gènes qui régulent les cycles saisonniers, jour-nuit et sommeil-éveil.

« Cela explique pourquoi l'état de certains patients s'aggrave avec les changements de saison, et les altérations du sommeil qui se produisent dans les troubles de l'humeur », souligne le chercheur.

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Psychomédia avec sources : Indiana University, Molecular Psychiatry.
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