Plusieurs comités consultatifs de Santé Canada, qui ont pour mission de faire des recommandations au gouvernement en matière de règlementations et de normes alimentaires, sont noyautés par des personnes ayant des relations avec l’industrie alimentaire, indique une étude publiée dans la revue Open Medicine que rapporte Le Devoir.

Alors que d'autres pays ont entrepris, par exemples, de mettre en place des mesures restreignant les quantités de sel et de gras trans dans les aliments industriels, le Canada mise sur le volontarisme de l'industrie, soulignent Norm Campbell de l’Université de Calgary et ses collègues, ce qui est notoirement inefficace.

En examinant les sites web de ces 9 comités, les auteurs ont constaté que dans 3 d'entre eux, plus de 50 % des membres avaient des intérêts financiers dans le secteur alimentaire soit directs (ayant investi dans une compagnie alimentaire, recevant des redevances ou étant employés, par exemple) soit indirects (recevant un soutien financier pour leur recherche ou leurs conférences, etc.), résume Le Devoir.

"Dans ces comités, les personnes dépourvues d’intérêts financiers et qui détiennent une réelle expertise en santé publique et sont capables de trouver des solutions aux principaux problèmes de santé au pays ne forment plus qu’une petite minorité", indique le chercheur.

Parmi les 9 comités, 4 ne révélaient aucune information permettant de savoir si leurs membres ont quelque intérêt financier.

L'analyse de cette étude est limitée aux informations disponibles sur les sites web du gouvernement fédéral, précisent les chercheurs. Ils ne pouvaient obtenir plus d'informations de la part des membres des comités ni divulguer leurs observations personnelles en tant que membres de ces comités parce que tous les membres de comités sont tenus de signer des accords de confidentialité.

Cette politique de confidentialité protège les intérêts de l’industrie et non ceux des Canadiens, dénonce le chercheur.

Également, l'étude n'a pas évalué d'autres aspects tels que l'influence de l'industrie sur les politiciens. À ce sujet, les chercheurs rappellent que le 8 mai 2013, un projet de loi pour imposer les recommandations du Groupe de travail sur le sodium créée par Santé Canada, qui faisait pourtant l'objet d'un large consensus dans les milieux concernés, a été battu au Parlement par un vote de 147 contre 122 : 146 députés conservateurs ont voté contre. De plus, indiquent-ils, malgré qu'il ait été révélé publiquement que les informations fournies sur les étiquettes alimentaires ne sont pas toujours exactes, le gouvernement fédéral a annoncé récemment qu'il ne contrôlerait plus l'exactitude de l'étiquetage, mais compterait plutôt sur le public pour détecter et signaler des inexactitudes dans l'étiquetage des aliments.

Psychomédia avec sources: Le Devoir, Open Medicine.
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