Quand des troubles mentaux et des maladies physiques se produisent ensemble, les symptômes de maladies physiques sont parfois arbitrairement discrédités et négligés par les médecins, notent les auteurs d'une nouvelle étude, publiée dans le Journal of Neuropsychiatry and Clinical Neurosciences (JNCN), qui introduit un nouveau syndrome combinant des troubles mentaux et physiques.

Jeremy D. Coplan, professeur de psychiatrie au SUNY Downstate Medical Center, et ses collègues ont examiné 76 personnes consécutives traitées en ambulatoire pour des troubles anxieux et certains troubles physiques (appartenant à l'un de trois domaines spécifiques).

Ils ont documenté un niveau élevé d'associations entre le trouble panique et quatre domaines de maladie physique.

Cette étude pourrait modifier la façon dont les médecins et les psychiatres considèrent les frontières entre les troubles psychiatriques et médicaux, soulignent-ils.

« Le trouble panique lui-même peut être un facteur prédictif pour un certain nombre de conditions physiques précédemment considérées comme sans rapport avec les conditions mentales, et pour lesquelles il peut y avoir peu ou pas de marqueurs biologiques », explique le Dr Coplan.

Les chercheurs proposent l'existence d'un syndrome spectral ayant pour noyau l'anxiété et incluant des troubles physiques appartenant à quatre domaines :

La proposition de l'existence d'un tel syndrome, note le Dr Coplan, n'est pas tout à fait nouvelle, en ce qu'elle contient des éléments de troubles spectraux qui ont été décrits précédemment. La principale contribution nouvelle est d'ajouter de nouveaux éléments et groupements, et de mettre en lumière la façon dont ces groupes se chevauchent.

L'étude documente une prévalence élevée de troubles physiques chez les personnes souffrant de trouble panique comparativement à la population générale. Par exemple :

  • plus de 80 % des participants souffraient également de fibromyalgie et d'épisodes dépressifs majeurs comparativement à une prévalence de la fibromyalgie d'environ 2 % à 6 % dans la population générale (et de dépression d'environ 5 %) ;

  • la laxité articulaire a été observée chez 59 % des participants comparativement à une prévalence d'environ 10 % à 15 % dans la population générale ;

  • la rhinite allergique a été observée chez 71 % des participants, tandis que sa fréquence est d'environ 20 % dans la population générale.

Des associations ont aussi été trouvées entre :

  • la laxité articulaire et trouble bipolaire III ;
  • les maux de tête et le trouble bipolaire II ;
  • le trouble bipolaire II et le syndrome de fatigue chronique.

« Notre argument, explique le chercheur, est que les délimitations en médecine peuvent être arbitraires et que certains troubles qui sont considérés comme de multiples conditions disparates et indépendantes peuvent être mieux considérés comme étant un trouble spectral unique avec une étiologie (cause) génétique commune ».

« Les patients méritent une compréhension scientifique plus éclairée des troubles spectraux. Les troubles qui font partie du syndrome décrit dans cette étude peuvent être mieux compris si on les considère comme une entité commune. »

L'étude a été financée en partie par National Institute of Mental Health américain.

(1) Le syndrome ALPIM pour : anxiety (A) disorder, joint laxity (L), chronic pain syndromes (P), immune disorders (I), and mood disorders (M).

Psychomédia avec sources : SUNY Downstate Medical Center, JNCN.
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