Le sel contribue à l'absorption du sucre par l'organisme et à l'augmentation du taux de glucose dans le sang (glycémie), montre une étude française publiée dans la revue Cell Metabolism.

C'est en étudiant l'effet de la chirurgie bariatrique sur le diabète que des chercheurs ont fait cette découverte. Chez les personnes diabétiques ayant subi cette chirurgie, la dérivation de l’estomac, appelée bypass gastrique, entraîne une diminution rapide du taux de sucre dans le sang (glycémie).

De nombreux opérés peuvent diminuer, voire interrompre leurs médicaments antidiabétiques, avant même avoir perdu du poids. Les mécanismes de cet effet restent mystérieux.

Des chercheurs de l'Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm, Université de Lille, CHRU de Lille) se sont penchés sur la question.

Ils ont d’abord observé, chez des volontaires, que le bypass gastrique limitait l’absorption des sucres ingérés, et par conséquent l’élévation de la glycémie après un repas.

Pour expliquer ces résultats, ils ont étudié les conséquences de la chirurgie chez le miniporc dont l’anatomie et la physiologie digestives sont très proches de celles de l’homme.

Ils ont constaté qu'après un bypass gastrique, le sucre ingéré n’est plus absorbé que dans la partie basse de l’intestin, lorsqu’il entre en contact avec la bile. De plus, cet effet de la bile est annulé en présence de phlorizine, un inhibiteur de l’absorption du glucose. Enfin, l’addition de sodium (sel) au repas a suffi pour restaurer l’absorption du sucre dans la partie haute de l’intestin, et accroître le taux de sucre après un repas chez les animaux opérés.

Les chercheurs ont aussi démontré que c’est le sodium endogène, excrété dans la bile et les sécrétions digestives, qui assure la majorité de l’absorption physiologique du glucose par l’intestin.

Ces résultats peuvent expliquer plusieurs observations jusque là incomprises, comme la diminution immédiate du taux de glycémie après un repas chez les personnes diabétiques opérées, et la meilleure efficacité des interventions chirurgicales réduisant le plus la longueur d’intestin fonctionnel.

Ces résultats confirment aussi l’influence du contenu en sel des repas sur l’élévation de la glycémie, récemment montrée chez des individus en santé, par une étude israélienne publiée dans la revue Cell en 2015.

Les chercheurs concluent leurs travaux en soulignant l’intérêt de prévenir ou traiter le diabète en modulant l’absorption intestinale du glucose par des mesures diététiques (par la diminution de l’ingestion simultanée de sel et de sucre) ou pharmacologiques (à l’aide de molécules inhibant sélectivement le transporteur sodium-glucose intestinal, dont les premiers résultats chez l’homme semblent prometteurs).

Psychomédia avec source : Inserm.
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