Des médicaments anticholinergiques, qui sont couramment prescrits, notamment contre la dépression, les allergies, les troubles de la vessie, les troubles gastro-intestinaux, la maladie de Parkinson…, pourraient augmenter considérablement le risque de démence plus tard dans la vie, selon une étude publiée en juin dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) Internal Medicine.

Les médicaments anticholinergiques aident notamment à contracter et à détendre les muscles. Ils agissent en bloquant le neurotransmetteur acétylcholine.

Ils peuvent causer des effets secondaires à court terme, dont la confusion et les pertes de mémoire. (Les médicaments anticholinergiques causent des problèmes cognitifs en moins de 60 jours chez les personnes âgées)

Pour vérifier les effets de l'utilisation à long terme sur le risque de démence, Carol Coupland de l'Université de Nottingham et ses collègues ont examiné les dossiers médicaux de 58 769 personnes ayant reçu un diagnostic de démence et de 225 574 personnes n'ayant pas reçu un tel diagnostic. Les participants étaient tous âgés de 55 ans ou plus.

Les participants atteints de démence avaient en moyenne 82 ans et 63 % étaient des femmes. Chaque cas de démence a été jumelé à cinq patients témoins ayant des caractéristiques similaires.

L'exposition aux anticholinergiques a été évaluée à l'aide de données d'ordonnance sur une période de 10 ans, soit de 1 à 11 ans avant le diagnostic de démence ou les dates équivalentes chez les patients témoins. D'autres analyses ont porté sur les prescriptions d'anticholinergiques jusqu'à 20 ans avant le diagnostic de démence.

Les types de médicaments anticholinergiques les plus fréquemment prescrits étaient les antidépresseurs, les anti-vertiges et les antimuscariniques pour la vessie.

Les résultats montrent un risque accru de démence de près de 50 % chez les personnes qui ont pris quotidiennement des médicaments fortement anticholinergiques pendant trois ans ou plus. (Les médicaments anticholinergiques sont classés sur une échelle de 1 à 3 : effet anticholinergique léger, modéré ou fort.)

Les risques sont accrus avec les anticholinergiques en général et plus particulièrement avec les antidépresseurs anticholinergiques, les antipsychotiques, les antiparkinsoniens, les médicaments pour la vessie et les épileptiques après prise en compte des autres facteurs de risque pour la démence.

Aucun risque accru n'a été observé pour les autres types de médicaments anticholinergiques étudiés, comme les antihistaminiques et les médicaments gastro-intestinaux.

Il s'agit d'une étude d'observation, de sorte qu'aucune conclusion ferme ne peut être tirée sur la relation de cause à effet.

Ces résultats, ainsi que ceux d'une étude similaire publiée en 2018, aident à clarifier quels types d'anticholinergiques sont associés aux risques les plus élevés de démence.

Au cours des 1 à 11 années précédant la date du diagnostic de démence ou l'équivalent chez les témoins, près de 57 % des personnes atteintes de démence et 51 % des témoins se sont vu prescrire au moins un médicament ayant un effet anticholinergique puissant, avec une moyenne de six prescriptions ches les personnes atteintes de démence et de quatre prescriptions chez les témoins.

« Le risque accru associé à ces médicaments indique que si l'association est causale, environ 10 % des diagnostics de démence pourraient être attribuables à une exposition aux médicaments anticholinergiques, ce qui équivaudrait à environ 20 000 des 209 600 nouveaux cas de démence par année au Royaume-Uni.

Il s'agit d'une proportion non négligeable, comparable à celles associées à d'autres facteurs de risque modifiables de démence, dont 5 % pour l'hypertension artérielle à la quarantaine, 3 % pour le diabète, 14 % pour le tabagisme à un âge avancé et 6,5 % pour l'inactivité physique. »

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer si l'association entre ces médicaments et le risque de démence est causale ou non.

Pour plus d'informations sur les médicaments anticholinergiques et sur la démence, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : University of Nottingham, JAMA Internal Medicine.
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