Dans un article publié le 17 avril, des chercheurs de l'Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm) décrivent les incertitudes portant sur l'immunité qui se développe après une infection au coronavirus SARS-CoV-2 responsable de la COVID-19.

Comment éviter un second pic épidémique une fois le confinement levé ? Peut-on compter sur l'immunité collective ?

Pour que l'immunité collective soit atteinte, c'est-à-dire que la population dans son ensemble soit protégée, « il suffit qu’une certaine proportion de cette population soit immunisée contre le virus, soit parce qu’elle y a été exposée et a développé une réponse immunitaire, soit parce qu’elle a été vaccinée ».

« Certains experts, notamment au Royaume-Uni, avaient estimé que l’immunité collective serait atteinte lorsque 60 % de la population aurait été exposée et aurait développé des anticorps contre le SARS-CoV-2 », rappellent Marie-Paule Kieny, directrice de recherche Inserm, et ses collègues. (Pour atteindre l'immunité collective, quelle proportion de la population doit contracter la covid-19)

« Nous en sommes encore loin : les derniers travaux de modélisation de la pandémie de Covid-19 de l’Inserm suggèrent ainsi qu’au 5 avril 2020, moins de 10 % de la population française aurait été infectée par le virus. » (COVID-19 : la proportion de Français qui aura été infectée au 11 mai, loin de l'immunité collective)

« Mais au-delà de ces considérations, faire le pari de l’immunité collective fondée sur l’infection progressive et contrôlée de la population pourrait s’avérer risqué dans la mesure où de nombreuses questions concernant l’immunisation conférée par l’infection restent encore en suspens ».

Immunité et réinfections

« En l’état actuel des connaissances, il est difficile de dire si le fait d’avoir été infecté par le virus signifie automatiquement que l’on est immunisé, et le cas échéant, pour combien de temps. »

« En effet, les anticorps développés contre le virus ne sont pas forcément neutralisants (anticorps “bloquant” le virus) chez tous les individus, et leur présence pourrait simplement témoigner du fait que l’organisme a été en contact avec le virus. Si l’on prend l’exemple du rhume hivernal banal, le fait de l’attraper une fois ne signifie pas que l’on est protégé pour le reste de la saison. »

Dans ce cadre se pose donc la question de savoir si l’on peut être réinfecté. Des recherches sont en cours pour mieux répondre à cette question.

Durée et ampleur de l’immunité

« Autre interrogation clé : combien de temps une immunité contre le virus, même partielle, peut-elle durer ? Les recherches sur d’autres types de coronavirus peuvent apporter quelques indications. Dans le cas de l’épidémie de SRAS partie de Chine au début des années 2000, des études avaient rapporté que 10 % des patients n’étaient plus immunisés au bout de 12 mois. Il n’est toutefois pas certain que ces données soient applicables au SARS-CoV-2. »

« Dans le cas du Covid-19, de premiers résultats suggèrent que la durée de vie des anticorps pourrait être assez courte, et que les individus infectés pourraient n’être protégés que pour quelques mois, voire quelques semaines. »

« Cependant, le recul par rapport au début de l’épidémie est encore insuffisant pour confirmer cette hypothèse ou estimer précisément la durée de l’immunité. »

« Approfondir les connaissances sur toutes ces questions est nécessaire aussi bien pour orienter les décisions publiques en matière de déconfinement et de dépistage de la population avec les tests sérologiques, que pour faire avancer la recherche vaccinale contre le SARS-CoV-2 », concluent les chercheurs.

Pour plus d'informations sur la COVID-19, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Inserm.
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