À leur sortie d'hôpital, deux aînés sur trois avaient des prescriptions de médicaments potentiellement inappropriés pour les personnes âgées, dans une étude québécoise publiée en mars 2020 dans le Journal of the American Geriatrics Society.

Daniala L. Weir et Robyn Tamblyn de l'Université McGill (Montréal, Canada) ont, avec leurs collègues, mené une étude prospective afin d'estimer le nombre de médicaments potentiellement inappropriés prescrits aux patients à la sortie de l'hôpital et leur association avec le risque d'événements indésirables 30 jours après la sortie.

L'étude a inclus 2 402 patients hospitalisés dans des services de médecine interne et de chirurgie cardiaque et thoracique d'hôpitaux de soins tertiaires au sein du réseau du Centre universitaire de santé McGill à Montréal. L'âge médian était de 76 ans.

Les médicaments potentiellement inappropriés sont des médicaments que l'on doit éviter chez les personnes âgées - surtout lorsqu'il existe des solutions de rechange plus sûres ou plus efficaces -, parce que les risques d'effets nuisibles ou de lésions sont supérieurs aux bienfaits attendus.

Ils ont été identifiés dans cette étude au moyen des critères de Beers de l'American Geriatrics Society, des critères STOPP et de la campagne Choosing Wisely. (Mise à jour 2019 des critères de Beers : 10 médicaments ou classes de médicaments à éviter ou utiliser avec prudence en prenant de l'âge)

Les benzodiazépines (tel que le Xanax) sont un exemple. Ces médicaments (liste) sont normalement prescrits pour le traitement de l'anxiété et de l'insomnie, mais ils augmentent le risque de chute chez les personnes âgées.

Le clinicien peut estimer qu'un médicament potentiellement inapproprié présente plus d'avantages que de risques pour son patient. « Peut-être est-ce le cas dans certaines situations, mais il reste que dans l'ensemble, ces médicaments ont tendance à faire plus de mal que de bien chez les personnes âgées », souligne Daniala L. Weir.

Les résultats de l'étude montrent que :

  • 1 576 patients (66 %) avaient une prescription d'au moins un médicament potentiellement inapproprié à la sortie de l'hôpital ;

  • 1 176 (49 %) ont poursuivi la prise de médicaments potentiellement inappropriés prescrits avant leur admission ;

  • 755 (31 %) se sont vu prescrire au moins un nouveau médicament potentiellement inapproprié.

Dans les 30 jours suivant la sortie, 218 (9 %) ont subi un événement indésirable lié à ces médicaments et 862 (36 %) se sont rendus aux urgences, ont été réhospitalisés ou sont décédés.

Après ajustement, chaque nouvelle prescription de médicament potentiellement inapproprié supplémentaire et chaque prescription communautaire précédente qui s'est poursuivie ont été respectivement associées à une augmentation de 21 % et de 10 % des risques d'événements indésirables. Ils ont également été associés respectivement à une augmentation de 13 % et 5 % des risques de visites aux urgences, de réhospitalisation et de décès.

L'amélioration des pratiques de prescription dans les hôpitaux pourrait réduire la fréquence des médicaments potentiellement inappropriés et des événements indésirables associés, concluent les chercheurs.

Pour plus d'informations sur les médicaments chez les personnes âgées et sur les critères de Beers, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Université McGill, Journal of the American Geriatrics Society.
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