Une mauvaise qualité ou quantité de sommeil est associée à une détérioration de la santé : problèmes d’humeur, dépression, prise de poids, infections, diabète, hypertension…

Un lien a aussi été établi avec le risque cardiovasculaire. Des chercheurs français, dont les travaux sont publiés en octobre 2023 dans European Heart Journal, ont souhaité approfondir ce point.

Jean-Philippe Empana et ses collègues (1) ont étudié le risque d’accidents cardiovasculaires (syndrome coronaire aigu ou accident vasculaire cérébral) en lien avec cinq aspects du sommeil :

Ils ont intégré ces cinq aspects dans un score unique. Chacun était évalué grâce à un questionnaire spécifique et comptait pour 1 point lorsqu’il est optimal ou 0 point dans le cas contraire. Le score global variait ainsi de 0 à 5 (score optimal correspondant à 7 à 8 heures de sommeil par nuit, être du matin, ne pas avoir d’insomnies, d’apnées ni de somnolence excessive en journée). (Quelle est la sévérité de votre insomnie ?)

Ce score a été utilisé dans deux études de population : l’une menée à Paris avec 10 157 personnes de 50 à 75 ans, l’autre menée à Lausanne (Suisse) avec 6 733 participants de plus de 35 ans. Le score a été calculé à l’inclusion puis 2 à 5 ans après. La survenue d’évènements cardiovasculaires a ensuite été surveillée pendant 8 à 10 ans environ.

En combinant les données de ces deux études, l'analyse confirme que plus le score à l’entrée dans l’étude est élevé, plus le risque d’accident cardiovasculaire est faible.

Par rapport aux personnes qui ont un score de 0-1 (10 % des participants),
le risque de pathologies cardiovasculaires est :

  • réduit de 10 % pour les participants qui ont un score de 2 (21 % des participants) ;
  • 19 % pour ceux qui ont un score de 3 (32 % soit la majorité des participants) ;
  • 38 % pour un score de 4 (27 % des participants) ;
  • 63 % pour ceux qui ont le meilleur score de 5 (10 % des participants).

L'analyse montre ainsi que près de 60 % des accidents cardiovasculaires pourraient potentiellement être évités si les individus présentaient tous un score optimal de sommeil (score de 5).

Évolution du score de sommeil

Une analyse portant sur l’évolution du score de sommeil au cours des 8 à 10 ans de suivi montre que le sommeil :

  • s’est amélioré chez 8 % des participants ;
  • s'est détérioré chez 11 % ;
  • est resté stable chez la majorité des participants (2/3 d’entre eux sont restés avec un score égal ou supérieur à 3).

Le risque de survenue de pathologies cardiovasculaires a diminué de 16 % pour chaque point de score gagné au cours du temps, quelle que soit la composante du score qui a été améliorée. « Chacune semble avoir autant d’importance que les autres », précise Aboubakari Nambiema, coauteur.

Ces « cinq composantes du sommeil pèsent un poids quasiment équivalent dans l’association avec le risque d’accidents coronariens et d’accidents vasculaires cérébraux, et l’amélioration de l’une d’elles au cours du temps peut apporter un bénéfice significatif », concluent les chercheurs.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

(1) Aboubakari Nambiema, Quentin Lisan, Julien Vaucher, Marie-Cecile Perier, Pierre Boutouyrie, Nicolas Danchin, Frédérique Thomas, Catherine Guibout, Geoffroy Solelhac, Raphael Heinzer, Xavier Jouven, Pedro Marques-Vidal.

Psychomédia avec sources : Inserm, European Heart Journal.
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