JE L'AIMAIS

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Réponse à Reflexions -

#37 Posté le par DCF__1348
Message modifié le 23-fév-04 à 08h16  (EST)

très juste en effet, l'image du cours d'eau qu'on empêche de passer. J'espère que tu n'as pas mal compris mon message, je n'essayais pas de te dire "avec le temps tu verras". Ce serait faux de dire cela, le temps ne change rien à l'affaire - sinon je peux dire pour chaque problème mineur qu'avec le temps il finira pas passer. Mais est-ce le temps qui fera que mon problème passera ? Bien sûr que non, c'est moi, ma volonté, mes évolutions, que j'aurai CHOISIES. Comme tu dis, on choisit son chemin, la façon dont on veut le réaliser, en prenant des raccourcis ou au contraire au pas de course... et surtout on choisit à quel port on veut arriver.

Il y a des gens qui sont tellement dégoûtés de ce qui est arrivé, qu'ils boudent la vie, ça a été mon cas longtemps - il y en a qui la boudent pour toujours, ça je ne veux pas. Au bout d'un an je vois que je ne pourrai pas vivre comme ça toute ma vie, sinon autant mourir. J'étais "morte-vivante" pendant près d'un an. Maintenant c'est un peu l'inverse : je suis vivante, mais il reste avec moi. Comme tu dis si bien, la relation continue... mais autrement. J'ai enfin réussi à lui trouver une place "supportable" pour moi, une place plus saine que de faire comme si il était toujours à la même qu'avant. Ca peut encore changer... souvent je rêve éveillée qu'il est toujours à sa place d'amoureux, au présent, qu'il est avec moi, qu'on fait des choses qu'on avait l'habitude de faire tous les deux.

Mais je SAIS que ce n'est plus possible.

Tu sais moi aussi j'ai ces crises de larmes, plus tard que toi apparemment, j'ai été tellement choquée par la rapidité de sa mort, je me sentais comme anéantie, je n'avais pendant qq temps plus aucun sentiment, positif ou négatif, le vide total. J'étais hors de la vie, je n'éprouvais plus rien, je faisais comme une machine, mais je me sentais vide. Quand j'ai enfin pu pleurer, comme toi, ça m'épuisait, j'avais mal au crâne après. Parfois j'avais le visage bouffi, un marteau-piqueur dans la tête pendant plusieurs jours, je mettais une semaine à m'en remettre !!

C'étaient les larmes qui REFUSENT.

Aujourd'hui c'est la même chose, c'est toujours aussi fort sauf que c'est un peu plus rare, et que ces larmes refusent, mais en ayant conscience qu'elles n'y changeront rien. Ce n'est pas le temps qui veut ça, mais tout ce que j'ai pu libérer grâce à la parole, tout ce que j'ai pu pleurer, qui a un peu "apprivoisé" comme tu dis le chagrin.

Et en effet, prendre à bras le corps, tu as raison c'est le mot. Dans les bouquins sur la mort le deuil, il disent tjrs qu'il faut "passer au travers". Qu'il est impossible de l'éviter, de NE PAS vivre ces mois et ces années de chagrin, de larmes etc. Il faut passer au travers de tous ces sentiments, et alors seulement on se sent un peu mieux. En gros il faut fonçer dans le mur, fonçer dans l'obstacle sinon on reste pour toujours bloqué de l'autre côté. Tu vois, ce n'est pas "avec le temps, va, tout s'en va". Pas du tout. Sinon pourquoi le deuil serait-il si différent suivant les personnes ? C'est en exprimant ses sentiments qu'il deviennent moins violents et moins douloureux, puisqu'on les accepte au lieu de les refouler.

Le "tu vas rencontrer quelqu'un" etc. il n'y a rien de tel pour nous renvoyer à la case départ, rien que par contradiction et par indignation. J'ai dit pas plus tard que ce we à ma mère que les dernières personnes que j'informerais si j'allais mieux, à fortiori si je me remettais avec quelqu'un, seraient justement ceux qui m'avaient le plus tanné avec ça ! Je ne voudrais pas leur faire ce plaisir de croire qu'ils avaient raison, et que (le comble !)c'est grâce à leurs conseils pourris si je vais mieux !!

C'est très étonnant, tu n'es pas le seule qui me dis que tu as "envisagé toutes les possibilités" juste après sa mort, comme de retrouver quelqu'un.

Figure-toi qu'il m'est passé exactement la même chose par la tête... même pire, ça m'a fait beaucoup culpabiliser, même si maintenant je sais que j'étais complètement désorientée - il me paraissait totalement logique après sa mort de me "consoler" en parlant avec des amis à lui... et je me disais que la seule chose "légitime" pour lui, serait de me mettre avec un de ses amis, quelqu'un qui le connaissait etc.

Aujourd'hui quand j'y pense je trouve ça délirant comme idée, et pourtant sur le coup ça me paraissait naturel, j'étais limite en train de me demander lequel de ses amis. J'en ai parlé à une amie commune, qui m'a un peu calmée sans toutefois me contredire - et à des amies à moi qui m'ont répondu comme les tiennes "il faudra ci et ça gnagna" bref... C'est ce qui m'a dissuadé je crois, et puis heureusement pour moi les amis d'E. n'ont rien remarqué de mes drôles d'idées.

Depuis inutile de te dire que l'amour m'a paru impossible pour quelqu'un d'autre !!

Je comprends que tu n'arrive pas à répondre à un message comme celui d'Elo : c'est que les témoignages genre "vous vous en sortirez, et vous rencontrerez à nouveau l'amour, comme moi" ne font pas forcément plaisir quand on n'envisage pas encore et pour cause - la cata vient d'arriver - de retrouver quelqu'un.

Mais comme toi, ma réaction à cette histoire est que, pour ne pas "gâcher" le souvenir, pour ne pas salir E., par respect pour lui, et parce-que je le veux, je ne pourrai plus voir l'amour comme un engagement léger. Pour moi c'est devenu très sérieux et je ne me vois pas me lançer dans quelque chose qui ne me paraîtrait pas durable.

Dur d'imaginer aimer quelqu'un APRES lui non ?

Dur de "recouvrir" cette histoire dont on est la seule à être dans le secret, avec autre chose...

Tu as raison, je pense qu'il faut attendre sans rien forcer, de rencontrer quelqu'un qui puisse être autre chose qu'un consolateur, quelqu'un qu'on aimera pour son caractère, et pas seulement pour ses bonnes paroles consolatrices. C'est possible aussi que ce soit ce qui arrive à Elo.

Mais il faut reconnaître que parler de ça maintenant est comme une gifle pour toi, comme ça l'aurait été pour moi il y a encore deux mois.

Je pense que quand on aime on le sent et c'est forcément sain, mais ça arrivera quand ça arrivera, si ça arrive etc. Les autres (entourage, famille) n'en savent pas plus que nous là-dessus alors ils feraient mieux de se taire !!

Sur ce je te dis, c'est super le "chemin" que tu as choisi, maintenant il faut essayer de le suivre, j'ai choisi à peu près le même : pardonner à ceux qui se rattrappe et redonner une place à l'amitié (connaissant cependant ses limites), lire, faire de la musique, apprendre tout ce dont j'ai envie au lieu de toujours remettre à plus tard... profiter des clins d'oeils de la nature (parfois pour me remonter le moral, je me dis, tiens ce rayon de soleil est pour moi, ce moineau qui s'approche c'est la nature qui veut se faire pardonner de ce qu'elle m'a fait :) c'est n'importe quoi mais ça me fait plaisir de le croire :)

Alors à bientôt par mail ?

Amitiés

xx

réfllexion (suite)

#36 Posté le par DCF__1705
PS : Ce chemin long du deuil ne doit pas être qu' "apprivoisé", car c'est plus que "sauvage", la mort de l'être aimé, mais inhumain. Le terme le plus approprié me semblerait "à prendre à bras le corps". Le plus difficile, c'est d'"accepter" : je ne parle pas d'accepter l'inacceptable (la mort de son amour) mais d'accepter de faire le deuil. Le mot "deuil" est assez mal utilisé par notre société. On utilise le même mot pour une rupture amoureuse. Dommage. J'aimerais savoir ce qu'il en est dans d'autres langues, et serait prête à aller vivre dans une société qui a fait clairement la différence dans son langage. Tous les mots, ici, sont utilisés à tort et à travers : "il a pas fait le deuil de sa précédente relation" etc... Ce qui explique la confusion extrême des personnes endeuillées qui, quand elles s'adressent à une personne lambda, va lui sortir la même purée... C'est très dur ce que je vais dire mais les gens qui vivent des "deuils" amoureux pour un oui, pour un non, qui pleurent me font l'effet d'enfants gatés ou incapables d'agir. S'ils pleurent quelqu'un de toutes les larmes de leurs corps, ils n'ont pas le droit : car la personne est en vie! Alors qu'ils fassent tout leur possible pour la récupérer, cette personne qui est partie, au lieu de se lamenter sur leur propre sort! Et si ça marche pas, alors qu'ils auront fait tout leur possible, là, ils ne pleureront plus. Ils se diront eux même : ok, c'est vraiment pas réciproque. En plus, avec ce constat là, on ne pleure plus du tout. Dire qu'avant, moi aussi, j'étais comme ça, à pleurer quand on me larguait ! Ce genre d'épreuves fait grandir et vous fait réaliser l'importance de la vie, et sa valeur.