JE L'AIMAIS

Publié le

Anciens messages (page 6)

je te comprends

#23 Posté le par DCF__1348
Message modifié le 15-fév-04 à 17h23  (EST)

En fait mon PS est un peu hors-sujet ce n'est pas vraiment de cela qu'il s'agit - je comprends ta réaction, il est vrai que le message de S. est un peu péremptoire et paraît si extérieur qu'on a l'impression d'être des bêtes de foire. Même si l'intention était bonne les conseils formulés en trois lignes sont souvent agaçant d'autant qu'on les déjà entendus mille fois depuis le décès.

Moi depuis un an j'ai appris à m'en détacher et surtout, j'ai fait comprendre que ce n'était pas utile de me faire ce type de réponse (la seule chose qui m'a aidée est de pouvoir parler de lui encore et encore, pas d'entendre les autres me dire : "tu verras avec le temps ça passera" : c'est un peu tôt pour y penser et ne réconforte pas plus que ça. On ne veut PAS que ça passe, si paradoxal soit ce constat !)

Cela dit merci S. de ta remarque et pour l'intention.

Martie je comprends que tu sois agaçée étant donné que ton deuil est récent, et que tu dois entendre ces phrases tous les jours en ce moment. Elles n'apportent pas grand chose à l'affaire et on a ce sentiment d'avoir été lu (ce que j'assume sans quoi je n'aurais pas posté ces messages) mais de ne recevoir en réponse qu'un court jugement pas qui ne correspond pas forcément à ce que l'on a voulu faire passer à travers nos messages. NOn ?



xx

La culpabilité de ne pas avoir vu

#22 Posté le par DCF__1348

Encore une fois ton message ressemble tellement à ce que je ressens, je pourrais avoir écrit 90% de tes phrases moi-même... C'est incroyable.
J'aime beaucoup ton image des vitraux, c'est vrai de toutes les choses qui ne se vivent que de l'intérieur, personne ne peut comprendre ce qu'il se passe en nous en ce moment comme personne n'a pu comprendre notre "place" dans la relation, qui changeait avec l'évolution de la maladie.
C'est facile de juger sans connaître, mais rarement pertinent... tu as raison, chacun juge de par son vécu et comme aucun n'est identique... tous se trompent plus ou moins.

Quand tu dis :

"la personne repousse inconsciemment certains proches (en particulier l'amie), comme si les voir, leur parler les obligerait à verbaliser ce qu'ils ne veulent surtout pas verbaliser. Car la souffrance est trop profonde, et qu'ils ne se sentent pas suffisamment en "sécurité intérieure" pour en parler"

je pense que ça dépend des malades mais dans "nos" cas je crois que tu as tout compris.

Le problème pour ma part c'est qu'on se disait toujours tout, on parlait des problèmes, parfois je devais l'y pousser jusqu'à ce qu'il me dise ce qui clochait. Ca fonctionnait bien comme ça avant la maladie, je l'aidais souvent en lui faisant prendre conscience des choses qui le stressaient, qui l'angoissaient. J'ai cru que le mieux était de continuer pareil lorsque la maladie est arrivée, d'agir comme j'avais toujours agi, selon ce "code" qui nous convenait à tous les deux. Mais... cela ne lui convenait plus. Alors au début, j'ai pensé qu'il rechignait à parler de ses angoisses comme d'habitude, mais un peu plus parce-qu'elles étaient plus fortes. Donc, persévérons, parler le libèrera, et il se sentira beaucoup moins seul après. Le plus terrible serait qu'il angoisse tout seul avec ses idées noires dans son lit d'hôpital.

Je me trompais complètement. Comme tu dis, il ne se sentait pas assez en "sécurité intérieure" pour parler. Je crois que ce n'était pas la crainte de faire du mal à son entourage, je crois qu'il sentait que c'était plus qu'il ne pouvait en supporter. Il avait BESOIN de ce déni total de la maladie pour garder espoir. Il avait besoin de l'ignorer et je n'ai pas su respecter ça dans un premier temps.

Quand j'ai compris qu'il ne voulait VRAIMENT pas en parler, la situation n'était pas encore trop grave. Mais à force de taire cette maladie et ses évolutions, je perdais conscience de son existence, c'est-à-dire, je n'y croyais plus.
Il vivait à peu près normalement, il avait un traitement... pour moi il n'était pas malade "gravement". Il avait une quelquechose qui se soigne. Donc il ne pouvait pas souffrir.
Et c'est lorsqu'il a commencé à souffrir de plus en plus que nous nous sommes éloignés. Il ne voulait plus être vu dans ces moments.

Mais, comme toi, je pensais que ça venait de moi. Qu'il avait un problème avec moi, qu'il me rejetait parce-qu'il ne m'aimait plus. Réaction au premier degré, de gamine comme tu dis.

Bien sûr moi aussi on m'a conseillé de prendre du recul, on m'a rebattu les oreilles de "pense à toi", "il veut te préserver", "c'est la maladie qui veut ça" mais tout ce que ça faisait c'était me scandaliser.

Comment ça, pense à toi ? Mon copain est gravement malade et je dois m'éloigner de lui, faire des choses pour moi. Hors de question...

Comment ça c'est la maladie ? Etre malade ne prive pas quelqu'un de son libre-arbitre, le cancer ne rend pas idiot - s'il m'aimait au contraire il aurait voulu qu'on se rapproche encore plus dans de telles circonstances.

Voilà ce que je pensais sur le coup.

Moi non plus jamais je ne l'ai vu pleurer pendant la maladie... alors qu'avant c'était un vrai coeur d'artichaut, il pleurait pour une petite engueulade de rien du tout, pour une émotion forte, la larme à l'oeil ça lui arrivait très souvent ! Jamais il ne s'est plaint à moi de quoi que ce soit. Certains disent : il a été si courageux, si fort moralement. Moi je dis qu'il a gardé sa souffrance pour lui tout seul, et ça me déchire de penser à ce qui a pu lui passer par la tête sans qu'il n'arrive à s'en délivrer à personne. J'aurais mille fois préféré qu'on pleure ensemble, qu'on parle, qu'on partage les craintes et les espoirs. Mais ses craintes il les cachait et elles tuaient l'espoir. Il ne se détendait jamais tout à fait, il ne riait plus, il contrôlait ses émotions, lui que j'aimais justement pour son caractère émotif et sentimental. L'angoisse était omniprésente, s'insinuait dans ce silence.

Alors oui je culpabilise d'avoir essayé de forcer le passage, croyant bien faire - c'est pour ça qu'il m'a rejetée. Je culpabilise de ne pas avoir voulu comprendre, de m'être persuadée envers et contre tout (et tous) qu'il ne m'aimait plus alors qu'il n'a pas voulu me quitter.
C'est moi qui lui ai dit que dans ces conditions (il m'évitait à sa façon, ne faisait plus d'efforts, sans pourtant parler du problème), on ne pouvait plus parler d'amour, et que c'était donc fini, mais que j'avais besoin de l'entendre de sa bouche. C'est moi qui ai dit tout ça, sans tenir compte une seconde du fait qu'il était malade. J'ai choisi de dire que cette relation ne me convenait plus telle quelle, qu'il devait faire des efforts, et lui refusant, je n'ai pas cru qu'il ne "Pouvait plus" faire ces efforts. J'ai pensé qu'il ne "voulait" plus.
Je pensais que s'il m'aimait il pouvait tout faire, même avec la maladie. Mais il ne pouvait même plus venir me voir chez moi, ou dormir à côté de moi.

Je me suis affreusement trompée. C'est l'une des dernières choses qu'il m'a dites. "Ce n'était pas que je voulais pas, c'est que je ne pouvais plus je te jure". Mais lorsqu'il m'a dit ça je ne pouvais plus que contempler les débris.

La maladie et mes certitudes de fille amoureuse ont eu raison de nous deux. Je crois que c'est la première fois que je l'écris aussi clairement.
Oui j'ai été aveugle sur sa maladie, la gravité de son état, et ses conséquences sur notre vie à tous les deux. Mais c'est parce-qu'on n'en parlait pas, c'était tabou. Je pensais devoir lever ce tabou, erreur il ne l'a pas supporté.
Cette histoire s'est finie d'une façon terrible, à cause de cette putain de maladie qui a crée tout ce non-dit entre nous.

Alors oui ça fait mal, mais qu'est-ce que je peux faire ? Me taper la tête contre les murs, me prostrer chez moi ? Je l'ai fait pendant 365 jours... et si l'issue n'avait pas été aussi tragique il m'aurait pardonné ces erreurs.
Quand je cupabilise trop, je repense à ses paroles : "Personne ne peut la juger".
En effet personne n'a vécu la situation à ma place exacte, avec Lui précisément, alors personne ne sait.

C'est ce qu'on doit se dire dans notre cas, c'est la seule chose qui permet de survivre. On ne peut pas vivre avec un tel fardeau sur la conscience.
Il faut se pardonner ses erreurs, tout seul, et malgré les conséquences, se pardonner.

A bientôt, en attendant de tes nouvelles ou tes réactions.

XX

PS : dommage que cette discussion se soit un peu envenimmée avec S., je ne supporte pas les disputes sur le thème de la souffrance, j'ai trop vu sur ce genre de forum des "concours de souffrance", ("perdre un enfant c'est pire, oui mais par accident c'est pire, non perdre son conjoint c'est pareil, oui mais ça dépend du nombre d'années de mariage, pas marié ça compte pas, perdre un bébé c'est moins grave vous en referez" etc. Sans rire, j'ai lu toutes ces affirmations ridicules de personnes que la douleur rend cruels ou égoïstes. Je pense qu'il n'y a pas d'échelle de la souffrance et qu'elle ne se mesure pas alors si c'est pour autre chose que s'entraider je ne vois pas l'intérêt de se parler. Je suppose que je dis des évidences et que tout le monde le sait mais bon, c'est qqch qui m'a souvent frappé. A quel point les gens extérieurs essaient de relativiser la relation en pensant que comme ça, la souffrance sera moins forte, et ceux qui le vivent se jugent entre eux selon les plus ou moins atteints...

Erreur sur le destinataire

#21 Posté le par DCF__1437
Je tiens à souligner que le message «Une histoire d'amour» (Seth) s'adressait à xx et non à Martie, en réponse au message intitulé «désolé pour le retard». Je comprends mieux pourquoi maintenant la réponse de Martie que j'ai confondue avec xx en lisant sa réponse ce matin, presque agressive, ne correspondait pas l'émotion qui m'animait lorsque j'ai écrit mon mail. Je le répète j'ai été impressionné par l'authenticité du témoignage de xx et de sa générosité à le partager. À part un ou deux messages, je n'ai malheureusement pas lu tous les autres messages de cette discussion.

moi aussi

#20 Posté le par DCF__8239
Je n'ai pas bien compris de quoi ton ami était mort...J'ai vecu la meme chose que toi il y a bientot 1 an.
J'ai remonté la pente chaque jour. Chaque jour me lever hors de mon lit était un vrai défit. La chance que j'ai eu c'est d'etre tres entourée par mes parents et surtout par un ami dont je n'avait pas eu de nouvelles depuis longtemps.
Ce combat il l'a mené avec moi, des fois meme les combats contre moi meme...Il a tenu bon. Et maintenant chaque jour est un bonheur de me reveiller car cet ami, il se trouve chaque matin a coté de moi: il sera mon valentin ce 14.
J'ai cru ne plus jamais pouvoir aimer, donner mon coeur. Il m'a prouvé le contraire a force de patience, d'amour et tout ce dont j'avais besoin.
Aujourd'hui, je vis encore des passages difficiles mais je sais que je peux compter sur lui, il est en quelque sorte mon ange gardien.
Il n'y a pas un jour ou je ne pense pas a mon ami qui est décédé l'an passé, mais il n'y a pas non plus un moment ou je ne savoure pas le bonheur d'aimer aujourd'hui a nouveau.
Je suis certaine que mon message te paraitra comme une utopie.
Le jour ou il est mort,je n'aurais jamais cru non plus que les choses se passeraient ainsi.
D'ailleur je me fachais quand on me disais : tu es jeune tu retrouveras quelqu'un.
Mais je l'ai trouvé.
Ne perd pas l'espoir.
La vie est un fardau sans lui, je le sais, mais pense a toi.
Prend soin de toi (coiffeur, sport, ect)
Tire la seule lecon de ce deces : le vie est courte profitons en!
Et sois sure qu'au bout de ta route le bonheur t'attend.
Ne te laisse pas couler par des idées noires.
Meme si ce combat t'es aussi difficile que de soulever 1 tonne, fait le MAINTENANT.
Au plus tu attendras au plus ca te sera difficile
Si je peux t'aider ⋯@⋯.fr

question d'attitude

#19 Posté le par DCF__1437
Ceux qui ont fait l'expérience de la perte d'un être cher savent, à condition qu'ils l'aient bien intégrée, ce qu'une telle exprérience implique. Voilà pourquoi ils préfèrent souvent écouter et encourager l'autre dans l'épreuve plutôt que de formuler des conseils même si cette attitude peut parfois être ressentie comme «extérieure».