Pratiquer des activités agréables à court terme qui ne mènent pas à la réalisation d'objectifs à long terme, telles que se détendre sur le canapé ou savourer un délicieux repas, contribue au moins autant à une vie heureuse que le contrôle de soi pour l'atteinte de buts, selon une étude publiée en juillet 2020 dans la revue Personality and Social Psychology Bulletin.

Il est généralement considéré qu'un bon contrôle de soi aide à donner la priorité aux objectifs à long terme plutôt qu'au plaisir momentané et que cela se traduit généralement par une vie plus heureuse et plus réussie.

« Il est temps de repenser tout cela », dit Katharina Bernecker, chercheure en psychologie motivationnelle à l'université de Zurich (Suisse). « Bien sûr, la maîtrise de soi est importante, mais la recherche sur l'autorégulation devrait accorder autant d'attention à l'hédonisme, ou au plaisir à court terme ».

Les travaux de la chercheure montrent que la capacité à éprouver du plaisir ou de l'agrément contribue au moins autant que le contrôle de soi à une vie heureuse et satisfaisante.

Mme Bernecker et Daniela Becker de l'Université Radboud (Pays-Bas) ont mis au point un questionnaire pour mesurer la capacité d'hédonisme, c'est-à-dire l'aptitude à se concentrer sur les besoins immédiats et à s'adonner à des plaisirs à court terme. Elles ont utilisé le questionnaire pour étudier si les gens diffèrent dans leur capacité à poursuivre des objectifs hédonistes dans divers contextes, et si cette capacité est liée au bien-être.

Elles ont constaté que certaines personnes se laissent distraire par des pensées intrusives dans les moments de détente ou de plaisir en pensant à des activités ou à des tâches qu'elles devraient plutôt faire. « Par exemple, lorsque vous êtes allongé(e) sur le canapé, vous pouvez continuer à penser au sport que vous ne pratiquez pas », explique-t-elle.

« Ces pensées sur des objectifs à long terme contradictoires sapent la satisfaction du besoin immédiat de se détendre. D'autre part, les personnes qui peuvent pleinement profiter de ces situations ont tendance à avoir un sentiment de bien-être plus élevé en général, et pas seulement à court terme, et sont moins susceptibles de souffrir de dépression et d'anxiété, entre autres. »

« La poursuite d'objectifs hédonistes et d'objectifs à long terme n'a pas besoin d'être conflictuelle », souligne la chercheure. « Nos recherches montrent que les deux sont importants et peuvent se compléter pour atteindre le bien-être et la santé. Il est important de trouver le bon équilibre dans la vie de tous les jours. »

Mais le simple fait de se permettre une plus grande quantité d'activités hédoniques ne rendra pas automatiquement plus heureux, précise-t-elle. « Il est souvent considéré que l'hédonisme, par opposition au contrôle de soi, est l'option la plus facile », ajoute-t-elle. « Mais profiter vraiment de son choix hédonique n'est pas si simple pour tout le monde à cause de ces pensées distrayantes. »

Le sujet est particulièrement d'actualité actuellement, car de plus en plus de personnes travaillent à domicile, l'environnement dans lequel elles se reposent normalement étant soudainement associé au travail, souligne-t-elle. « Penser au travail qu'il vous reste à faire peut entraîner des pensées plus distrayantes à la maison, vous rendant moins apte à vous reposer ».

En planifiant et délimitant consciemment les périodes de plaisir, il serait possible de les séparer plus clairement des autres activités, ce qui permettrait au plaisir de prendre place plus librement, suggère-t-elle.

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Psychomédia avec sources : University of Zurich, Personality and Social Psychology Bulletin.
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