L'utilisation, pendant 3 mois ou plus, des médicaments de la famille des benzodiazépines est associée à un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer après 65 ans, selon une nouvelle étude franco-québécoise publiée dans le British Medical Journal.

Ces médicaments sont prescrits par les médecins pour le traitement de symptômes anxieux et de l'insomnie.

En 2012, une étude de l'équipe française de l’l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) avait montré que les personnes prenant des benzodiazépines avaient un risque 50% plus élevé de développer une démence comparativement à celles qui n’en ayant jamais consommé.

Dans cette nouvelle étude, Sophie Billioti de Gage de l'Inserm et ses collègues ont confirmé cette association et étudié la relation dose-effet à partir de la base de données de la Régie d’Assurance Maladie du Québec (RAMQ).

Ils ont analysé le développement de la maladie d’Alzheimer chez un échantillon de personnes âgées de plus de 66 ans ayant eu une prescription de benzodiazépines. 1 796 cas de la maladie ont été identifiés sur une période de 6 ans. Ils ont ensuite comparé chacun de ces cas avec 7 184 personnes en bonne santé dont l’âge, le sexe et la durée de suivi correspondaient.

L’utilisation de benzodiazépines pendant 3 mois ou plus était associée à un risque accru (jusqu’à 51 %) de développer ultérieurement la maladie d’Alzheimer. "La force de l’association augmente avec la durée de l’exposition et avec l’utilisation de benzodiazépines à longue durée d’action, par opposition aux benzodiazépines à courte durée d’action", indique la chercheuse.

Même si le lien de cause à effet n’est pas prouvé, l’association plus forte observée avec des expositions à long terme "renforce la suspicion d’un lien direct possible, même si l’usage des benzodiazépines peut également être un marqueur précoce d’un état associé à un risque accru de démence", estiment les chercheurs.

Le recours aux benzodiazépines est fréquent et, le plus souvent, chronique chez les personnes âgées. Pourtant ces médicaments ne devraient être utilisés que pour la prise en charge des troubles anxieux et de l’insomnie transitoire. Les prescriptions devraient toujours être de courte durée (quelques semaines).

Dans un éditorial accompagnant l'article, Kristine Yaffe de l'Université de Californie à San Francisco et Malaz Boustani de l'Université de l'Indiana soulignent que malgré que les benzodiazépines aient été ajoutées en 2012 à la liste de l'American Geriatrics Society (2) des médicaments inappropriés pour les personnes âgées, près de 50 % d'entre elles continuent à se les faire prescrire.

Liste des benzodiazépines commercialisées en France

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

(1) Yola Moride, Thierry Ducruet, Tobias Kurth, Hélène Verdoux, Marie Tournier, Antoine Pariente, Bernard Bégaud.

(2) Liste de médicaments correspondant aux "critères de Beers".

Psychomédia avec sources : Inserm, BMJ (communiqué), BMJ (Article)
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