La consommation excessive d’alcool à long terme est associée à une augmentation du risque de démence, conclut une nouvelle étude coordonnée par l’Inserm dont les résultats sont publiés dans le British Medical Journal.

Les résultats suggèrent également un sur-risque parmi les abstinents, même si les mécanismes sous-jacents dans chacun des deux groupes sont vraisemblablement différents.

Alors que chez les gros consommateurs, les cas d’hospitalisation pour maladie chronique liée à l’alcool ont été associés à un risque de démence quatre fois plus élevé ; chez les abstinents, ce risque est 1,5 fois plus grand et s’explique en partie par un risque plus important de maladies cardiométaboliques.

Séverine Sabia et ses collègues de l’Inserm en France et au Royaume-Uni ont analysé des données concernant 9 087 fonctionnaires britanniques âgés de 35 à 55 ans en 1985, suivis pendant 23 ans en moyenne. À intervalle régulier entre 1985 et 1993, leurs consommations d’alcool et leur dépendance ont été évaluées. (Critères diagnostiques du trouble d'utilisation de l'alcool [abus et dépendance])

Les admissions à l’hôpital pour maladies chroniques liées à l’alcool et les cas de démence à compter de 1991, ainsi que les maladies cardiométaboliques (pathologies incluant l’accident vasculaire cérébral, les coronaropathies et le diabète), ont été identifiés à partir des dossiers d’hospitalisation.

Au cours du suivi, 397 cas de démence ont été enregistrés. L’âge moyen au moment du diagnostic était de 76 ans.

Après la prise en compte de données sociodémographiques, du mode de vie et de facteurs associés à la santé qui auraient pu affecter les résultats, l’abstention ou la consommation de plus de 14 unités d'alcool (1) par semaine entre 40 et 60 ans étaient associées à un risque supérieur de démence par rapport à la consommation de 1 à 14 unités d’alcool par semaine.

Parmi les personnes consommant plus de 14 unités d’alcool par semaine, chaque augmentation de 7 unités était associée à une hausse de 17 % du risque de démence. Les cas d’hospitalisation pour maladie chronique liée à l’alcool étaient quant à eux associés à un risque quatre fois plus élevé.

Chez les abstinents, une partie du risque supplémentaire était associée à un risque plus élevé de maladies cardiométaboliques. « Toutefois, d’autres facteurs de santé, une consommation d’alcool plus tôt dans la vie, et d’autres caractéristiques sociodémographiques non mesurées pourraient également expliquer le sur-risque de démence observé chez les abstinents. »

Ces résultats « incitent à préconiser des seuils plus bas de consommation pour favoriser un meilleur vieillissement cognitif », souligne la chercheure.

En France, « les recommandations de santé publique en termes de “risque acceptable” sont de 10 verres par semaine et pas plus de 2 verres par jour sur la base qu’un verre en France correspond à 10 g d’alcool, soit 100 g par semaine. Ces recommandations sont désormais valables indifféremment pour les hommes et les femmes », rappelle-t-elle.

Une autre étude de l'Inserm publiée en février, basée sur des données françaises, montrait un fort lien entre la consommation d'alcool excessive et le risque de démence.

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(1) Une unité d'alcool correspond à 12,5 ml ou 10 g d'alcool pur dans la plupart des pays (au Royaume-Uni, une unité d'alcool correspond à 10 ml, soit 8 g d'alcool).

Psychomédia avec sources : Inserm, British Medical Journal.
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