L'Agence française des médicaments (ANSM) a publié, le 21 février, un rapport dressant l'état des lieux de la consommation des médicaments antalgiques opioïdes en France.

Près d'un Français sur 5 (17 %, près de 10 millions) reçoit chaque année au moins une délivrance remboursée de ces médicaments, rapporte le Pr Nicolas Authier de l'Université Clermont Auvergne sur le site The Conversation France.

En 10 ans, la consommation des antalgiques opioïdes a augmenté.

« En parallèle, l’ANSM observe une augmentation du mésusage, ainsi que des intoxications et des décès liés à l’utilisation de ces médicaments, qu’ils soient faibles (par exemple le tramadol, la codéine et la poudre d’opium) ou forts (par exemple la morphine, l’oxycodone et le fentanyl). »

« Cependant, la situation n’est pas comparable avec celle observée aux Etats-Unis et au Canada. »

« L’ANSM mène régulièrement des actions visant à contrôler l’encadrement de ces médicaments en termes de conditions de prescription et de délivrance, d’interdiction de publicité auprès du grand public, d’informations à destination des professionnels de santé. »

Les « principaux enseignements du rapport », décrit le communiqué de l'Inserm, sont les suivants :

  • Les opioïdes les plus utilisés

    « En 2017, l’antalgique opioïde le plus consommé en France est le tramadol puis la codéine en association et la poudre d’opium associée au paracétamol.

    Viennent ensuite la morphine, premier antalgique opioïde fort, l’oxycodone, à présent pratiquement autant consommé que la morphine, puis le fentanyl transdermique et transmuqueux à action rapide. »

  • Les opioïdes forts

    « Entre 2006 et 2017, la prescription d’opioïdes forts a augmenté d’environ 150 %. L’oxycodone est l’antalgique opioïde qui marque l’augmentation la plus importante. »

  • Les opioïdes faibles

    « La consommation globale des opioïdes faibles est restée relativement stable. Le retrait du dextropropoxyphène en 2011 a été accompagné de l’augmentation de la consommation des autres opioïdes faibles et en particulier du tramadol. Il devient l’antalgique opioïde le plus consommé (forts et faibles confondus) avec une augmentation de plus de 68 % entre 2006 et 2017. »

  • Complications graves

    « Les opioïdes ont un intérêt majeur et incontestable dans la prise en charge de la douleur et restent moins consommés que les antalgiques non-opioïdes (paracétamol, aspirine, AINS).

    Cependant, la consommation des antalgiques opioïdes peut s’accompagner de complications graves. Cette problématique touche principalement des patients qui consomment un antalgique opioïde pour soulager une douleur, et qui développent une dépendance primaire à leur traitement, et parfois le détournent de son indication initiale.

    Ainsi, le nombre d’hospitalisations liées à la consommation d’antalgiques opioïdes obtenus sur prescription médicale a augmenté de 167 % entre 2000 et 2017 passant de 15 à 40 hospitalisations pour un million d’habitants. Le nombre de décès liés à la consommation d’opioïdes a augmenté de 146 %, entre 2000 et 2015, avec au moins 4 décès par semaine. »

Pour plus d'informations sur les médicaments antalgiques et les médicaments antalgiques opioïdes, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : ANSM, The Conversation France.
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