Les Français ne connaissent pas assez bien les risques du tramadol et de la codéine, les deux médicaments antalgiques opioïdes les plus prescrits en France, selon une enquête 2021 réalisée par OpinionWay pour l'Observatoire français des médica­­ments antalgiques (OFMA) et l'Institut Analgesia.

Le tramadol et la codéine sont utilisés pour le traitement de douleurs modérées à sévères, rappelle le communiqué de l'OFMA publié en avril 2022.

Un Français sur 8 (12 %) déclarait suivre un traitement par au moins un de ces deux médicaments au moment du sondage.

L'enquête a été réalisée avec un panel de 1 001 Français représentatifs de la population générale, consommateurs actuels de tramadol ou de codéine (âge moyen de 44 ans, 61 % étant des femmes).

Résultats de l'enquête

Deux tiers utilisaient ces médicaments depuis plus de trois mois (seuil pour le diagnostic d'une douleur chronique) et un tiers depuis plus d’un an.

Lombalgies, céphalées et douleurs articulaires étaient les 3 principaux motifs de prise de ces traitements.

  • Non-respect des recommandations

    Il n’est pas recommandé de traiter les crises de migraine avec un antalgique opioïde. Or, le premier motif (46 % des usagers) de prise de codéine, ce sont les céphalées et migraines.

  • Mésusage

    29 % des usagers de codéine et 39 % des usagers de tramadol présentaient un comportement de mésusage de leur traitement. Ainsi, 14 % des usagers de codéine et 24 % des usagers de tramadol rapportaient prendre ces médicaments pour une finalité autre qu’un effet antalgique (anxiété, sommeil, stimulant…).

  • Automédication

    Respectivement 41 et 42 % des personnes traitées par codéine ou tramadol déclaraient avoir déjà partagé leur traitement avec une personne de leur entourage. Ces deux médicaments sont normalement disponibles uniquement sur ordonnance.

  • Sevrage difficile

    Respectivement 36 et 47 % des usagers de codéine et tramadol déclaraient avoir des difficultés à arrêter ou diminuer leur traitement. Ces médicaments opioïdes peuvent induire une dépendance physique avec un syndrome de sevrage ou de manque en cas d’arrêt trop rapide dès quelques semaines de traitement.

  • Méconnaissance des risques

    Neuf usagers de tramadol ou codéine sur 10 ignorent le risque d’arrêt respiratoire en cas de surdosage de ces médicaments. Ce risque est à l’origine de la crise sanitaire des opioïdes nord-américaine à l’origine de plus de 500 000 décès en 20 ans.

« Les résultats de cette enquête rappellent d’une part la nécessité pour les médecins d’assurer une juste prescription de ces médicaments et d’autre part de mieux informer les patients sur le bon usage des médicaments antalgiques opioïdes », conclut le communiqué de l'OFMA.

Recommandations de la HAS

La Haute autorité française de santé (HAS) a publié, en mars 2022, ses premières recommandations détaillées sur la prescription et l'utilisation de médicaments opioïdes dans chacune des indications où ils sont utiles pour soulager la douleur.

Quelle que soit la puissance de l’opioïde, qu’il soit dit faible ou fort, la précaution s’impose, souligne la HAS : les risques de développer un trouble de l’usage ou de surdose sont communs à tous. Tous les opioïdes antalgiques « peuvent induire une dépendance physique élevée ».

La HAS précise notamment que, dans le traitement de la douleur chronique non cancéreuse, les antalgiques opioïdes ne doivent être envisagés qu’en dernier recours. Ces médicaments ne peuvent pas être prescrits pour des douleurs pelviennes chroniques ou musculosquelettiques. De même, il n’est pas recommandé de les utiliser dans le traitement de migraines.

« En 2015, près de 10 millions de Français (soit 17,1 % de la population) ont eu une prescription d’antalgiques opioïdes, un chiffre qui serait en hausse ces dernières années », mentionne la HAS.

Pour plus d'informations sur les médicaments opioïdes, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Observatoire français des médica­­ments antalgiques, HAS.
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