Traiter l'insomnie augmente grandement les chances de se rétablir complètement d'une dépression, selon une étude présentée au congrès de l'Association for Behavioral and Cognitive Therapies, rapporte le New York Times.

Colleen E. Carney de l'Université Ryerson (Toronto) et ses collègues ont mené cette étude avec 66 personnes en dépression et souffrant d'insomnie.

87 % des participants qui ont résolu leur insomnie avec 4 sessions de psychothérapie cognitivo-comportementale ont vu leurs symptômes de dépression disparaître après 8 semaines de traitement avec un antidépresseur ou une pilule placebo, soit 2 fois plus que les participants n'ayant pas réussi à résoudre leur insomnie.

Les médicaments antidépresseurs et la psychothérapie administrés individuellement, rapporte le quotidien, ne sont que légèrement plus efficaces qu'une pilule placebo. Utilisés ensemble, il entraînent une rémission chez environ 40 % des patients. L'ajout d'une thérapie pour l'insomnie à un antidépresseur augmenterait fortement le taux de rétablissement, suggèrent les résultats de cette étude.

Il a longtemps été considéré que l'insomnie était un symptôme de la dépression qui disparaîtrait avec les traitements de cette dernière, explique Rachel Manber de l'Université Stanford. Mais nous savons maintenant que ce n'est pas le cas, dit-elle. La relation est bidirectionnelle et l'insomnie peut précéder la dépression. Plusieurs études suggèrent que l'insomnie double le risque de devenir déprimé.

La thérapie cognitivo-comportementale pour le traitement de l'insomnie vise l'apprentissage de stratégies telles qu'établir une heure fixe de réveil ; sortir du lit durant les périodes éveillées, éviter de manger, lire, regarder la télévision au lit et éliminer les siestes pendant la journée.

Dans une étude pilote menée en 2008 avec des personnes en dépression qui prenaient un antidépresseur, Rachel Manber a comparé l'efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale à celle d'une thérapie instaurant des stratégies d'hygiène de sommeil telles que faire de l'exercice régulier (mais pas trop rapproché de l'heure du coucher) et éviter le café et l'excès d'alcool dans la soirée : 60 % des participants ayant reçu la thérapie cognitivo-comportementale se sont pleinement rétablis de la dépression comparativement à 33 % de ceux ayant reçu un coaching d'hygiène du sommeil.

La présente étude est l'une de 4 sur le sujet financées par le National Institute of Mental Health américain dont les résultats sont à paraître au cours de la prochaine année. Elles pourraient conduire à modifier les recommandations de traitement pour la dépression.

Psychomédia avec source : New York Times.
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