Des études suggèrent depuis plusieurs années que pour réguler des émotions telles que l'anxiété, les stratégies de ré-évaluation de la situation sont plus efficaces que les stratégies de suppression des émotions.

Plus récemment, les partisans du mouvement de l'acceptation (1) ont fait l'hypothèse que des techniques basées sur l'acceptation des émotions négatives seraient plus efficaces que la ré-évaluation.

Afin de comparer ces stratégies, Stefan G. Hofmann de l'Université de Boston et ses collègues ont demandé à 202 volontaires de faire un discours impromptu de 10 minutes devant une caméra vidéo. Les participants étaient assignés au hasard à l'un de trois groupes:

  • Un groupe de ré-évaluation cognitive avait la consigne de réguler leur état d'anxiété en ré-évaluant la situation: "S'il vous plaît, essayez de prendre une perspective réaliste de cette tâche, en reconnaissant qu'il n'y a pas de raison de se sentir anxieux", se faisaient-ils dire. "Réalisez que la situation ne représente pas une menace pour vous. Peu importe ce qui se passe au cours de cette tâche ou à quel point vous semblez anxieux, ce n'est qu'une expérience et il n'y a pas de conséquences négatives au sujet desquelles se préoccuper."

  • Un groupe de suppression des émotions devait supprimer leurs comportements anxieux : "S'il vous plaît, essayez de ne pas laisser vos émotions paraître lorsque vous allez faire votre présentation", "conduisez-vous de telle façon qu'une personne qui vous observerait ne saurait pas quoi que ce soit de ce que vous ressentez".

  • Un groupe d'acceptation de l'anxiété devait accepter de ressentir une anxiété "S'il vous plaît, essayez de ressentir pleinement vos émotions et n'essayez pas de les contrôler ou de les changer de quelque façon que ce soit, "laissez vos émotions suivre leur cours naturel (…)".

Comme prévu, le groupe de suppression a présenté une plus grande manifestation physique d'anxiété (augmentation de la fréquence cardiaque) que les deux autres groupes. Comme prévu également, il a aussi rapporté un plus grand sentiment subjectif d'anxiété que le groupe de ré-évaluation. Cependant, le sentiment d'anxiété ne différait pas du groupe d'acceptation.

Ces résultats suggèrent que les stratégies de ré-évaluation et d'acceptation sont plus efficaces pour réduire les symptômes d'activation physiologique que les stratégies de suppression.

Mais le sentiment d'anxiété était aussi grand dans le groupe d'acceptation que dans le groupe de suppression. Seules les stratégies de ré-évaluation, mises de l'avant dans les thérapies cognitivo-comportementales traditionnelles (dites de 2e vague) semblent plus efficaces pour réduire le sentiment d'anxiété.

Notons toutefois que les thérapies cognitives d'acception (dites de troisième vague) n'ont justement pas pour but de réduire l'émotion mais de modifier la réaction à l'émotion. Ainsi, dans un certain contexte, une personne pourrait ne pas être empêchée de livrer un message publiquement par son anxiété qu'elle n'essaierait pas vainement de réduire. Cette étude, avec plusieurs autres, tente de déterminer s'il s'agit de la meilleure approche. (Voyez : Trac de parler en public: une stratégie étonnamment efficace.)

Cette étude est publiée dans la revue Behaviour Research and Therapy.

Une étude, publiée en décembre 2013, propose une stratégie différente des trois précédentes. (Voyez : Anxiété de performance: une stratégie plus efficace que de tenter de se calmer.)

La peur de parler en public, lorsque excessive, fait partie de la phobie sociale.

(1) Qui inclut les théories et thérapies cognitives faisant appel au concept de pleine conscience telle que la thérapie d'acceptation et d'engagement (ACT).

Psychomédia avec source: Stefan G. Hofmann, Sanna Heering, Alice T. Sawyer, and Anu Asnaani (2009), How to Handle Anxiety: The Effects of Reappraisal, Acceptance, and Suppression Strategies on Anxious Arousal, Behaviour Research and Therapy.
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