L’insomnie est l'un des problèmes les plus courants au moment de la ménopause, notamment en raison des bouffées de chaleur.

Entre 25 % et 35 % des femmes en souffrent au moment de la ménopause, une prévalence deux à trois fois plus élevée que celle observée dans la population en général, indique le psychologue Charles Morin de l’École de psychologie de l'Université Laval et du Centre de recherche CERVO.

Les bouffées de chaleur y sont pour quelque chose, mais elles n’expliquent pas tout. « Nos travaux montrent que les bouffées de chaleur surviennent parfois après le réveil, précise le chercheur. Par ailleurs, il se peut que ces manifestations physiologiques soient un élément déclencheur de l’insomnie, mais que des facteurs psychologiques contribuent à son maintien. Se réveiller en sueur au milieu de la nuit en se disant qu’il faut absolument se rendormir parce qu’une grosse journée de travail nous attend dans quelques heures crée un contexte propice aux pensées négatives et au cercle infernal de l’anxiété et de l’insomnie. »

Le Pr Morin et 12 chercheurs américains ont testé l'efficacité de 7 approches contre les bouffées de chaleur et l'insomnie chez 546 femmes qui souffraient d’insomnie modérée (un score de plus de 12 sur l’Indice de sévérité de l’insomnie qui va de 0 à 28) et avaient au moins 14 bouffées de chaleur par semaine. Cette étude est publiée dans la revue Sleep.

Les traitements testés pendant 8 à 12 semaines étaient :

Toutes les approches, sauf les oméga-3, ont produit une certaine amélioration du sommeil.

L'intervention la plus efficace a été la psychothérapie cognitivo-comportementale qui a réduit de 5,2 points de l’indice de sévérité de l’insomnie (faites le test). « Après 8 semaines de traitement, 70 % des participantes du groupe de psychothérapie étaient considérées en rémission d’insomnie, précise le chercheur. L’intervention n’a pas eu d’effet sur le nombre de bouffées de chaleur, mais elle a réduit leur degré d’interférence avec les activités quotidiennes. »

L’activité physique et l’antidépresseur venlafaxine (Effexor) ont produit une baisse de 2,2 points.

Développée en bonne partie par l’équipe de Charles Morin au cours des trois dernières décennies, la thérapie cognitivo-comportementale contre l’insomnie encourage un changement des croyances liées au sommeil (par exemple qu’il est nécessaire de dormir huit heures chaque nuit pour être en forme et en santé) et vise à instaurer des habitudes de vie propices au sommeil telles que :

  • aller se coucher uniquement lorsqu’on se sent fatigué ;
  • utiliser le lit exclusivement pour dormir ;
  • se lever si le sommeil ne vient pas après 20 minutes ;
  • se lever à la même heure chaque matin, peu importe le nombre d’heures dormies.

Les études indiquent qu’elle atténue la sévérité de l’insomnie chez 80 % des gens et entraîne une rémission dans 60 % des cas.

Malheureusement, déplore le professeur Morin, les personnes qui souffrent d'insomnie sortent souvent du cabinet du médecin avec une prescription de somnifères.

« Pourtant, en 2016, l’American College of Physicians a reconnu que la TCC devrait être le premier traitement recommandé aux personnes qui souffrent d’insomnie, souligne-t-il. Au Québec, pour profiter des avantages de la TCC dans des délais raisonnables, il faut consulter des psychologues qui pratiquent en clinique privée et payer de sa poche. »

Le professeur Morin et la doctorante Orlane Ballot poursuivent des travaux sur l’insomnie au moment de la ménopause et ils sont à la recherche de participantes de 45 à 55 ans avec ou sans problème de sommeil.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Le Fil (Université Laval).
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