« Depuis des millénaires, la philosophie et la psychologie débattent de la façon dont la sagesse est liée à la gestion des expériences chargées d'émotions. »

« Le rôle des émotions dans la capacité de raisonner avec sagesse n'est pas bien compris », expliquent les auteurs d'une étude publiée dans le Journal of Experimental Psychology.

« D'une part, des travaux sur la régulation émotionnelle suggèrent que la régulation à la baisse des émotions intenses peut améliorer la capacité de penser avec sagesse. Et d'autre part, des travaux émergents suggèrent que de reconnaître et d'équilibrer les émotions permet un éclairage critique des expériences de la vie, ce qui suggère une voie alternative à un raisonnement plus sage. »

Igor Grossmann, professeur de psychologie à l'Université de Waterloo, et ses collègues ont mené une série d'études afin de tester comment la présence et l'équilibre de multiples émotions en même temps influencent la capacité de raisonner sagement.

Les caractéristiques d'une pensée sage, selon Grossmann et ses collègues, incluent :

  • l'humilité intellectuelle ou la reconnaissance des limites de ses propres connaissances ;

  • l'appréciation de diverses perspectives plus larges que le problème en cause ;

  • la sensibilité au fait que le monde est en évolution et à la possibilité de changement ;

  • le compromis ou l'intégration de différentes opinions.

Grossmann, Harrison Oaks et Henri C. Santos se sont concentrés sur l'émodiversité, qu'ils définissent comme étant la capacité de vivre des émotions multiples mais équilibrées. Les recherches antérieures, indiquent-ils, ont indiqué que l'émodiversité pouvait réduire les symptômes psychopathologiques cliniques en empêchant une émotion particulière de dominer l'expérience.

Ils ont mené, avec un total de 3 678 personnes, six études utilisant un large éventail de méthodes (observationnelles, expérimentales…). Ces études ont examiné, chez des personnes reconnues pour leur sagesse ainsi que chez des personnes de la population générale, les réflexions axées sur les émotions, les défis émotionnels quotidiens, les réflexions personnelles sur les conflits interpersonnels et le raisonnement sur les défis géopolitiques.

« La capacité d'une personne de reconnaître la diversité de l'expérience émotionnelle peut non seulement favoriser sa santé physique et mentale, mais aussi lui permettre de raisonner avec plus de sagesse », concluent Grossmann et ses collègues.

L'émodiversité, qui consiste à vivre des émotions diverses mais équilibrées, offre des bénéfices pour la capacité de raisonner avec sagesse indépendamment de l'intensité émotionnelle, ont-ils constaté.

La relation entre l'intensité émotionnelle et les caractéristiques liées à la sagesse était moins systématique, certaines études suggérant une association positive (plutôt que négative) entre l'intensité émotionnelle et la sagesse.

Le raisonnement sage ne nécessite pas nécessairement un contrôle ou une suppression émotionnelle uniforme, soulignent-ils.

Des travaux futurs porteront sur les facteurs situationnels de l'émodiversité et leurs effets sur la capacité de raisonner avec sagesse.

Les chercheurs considèrent en effet que « la sagesse n'est pas seulement une “qualité intérieure”, mais se déploie en fonction des situations dans lesquelles les gens se trouvent. Certaines situations sont plus susceptibles de promouvoir la sagesse que d'autres. »

Pour plus d'informations sur la psychologie de la sagesse, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : University of Waterloo, Journal of Experimental Psychology.
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