Dans un article paru en septembre 2021 dans la revue Frontiers in Psychology, des chercheurs suisses proposent une théorie de ce qu'est l'équilibre psychologique, un concept qui demeure flou dans la littérature en psychologie positive.

Alors que cet équilibre est généralement associé à une stabilité dans le temps et à une capacité de faire face aux défis du quotidien, les mécanismes par lesquels une personne peut rester stable dans un environnement en constante évolution sont très peu précisés.

Anastasia Besika du département de psychologie de l'Université de Zurich et ses collègues (1) se sont penchés sur cette question et ont élaboré un modèle des mécanismes psychologiques qui permettent de maintenir une stabilité dans la capacité de fonctionner tout en s'adaptant aux changements situationnels et développementaux, avec l'objectif de décrire comment ces mécanismes sont liés au bien-être.

Ils proposent que l'organisation des valeurs (les priorités relatives accordées à différents idéaux) d'une personne assure le maintien d'une cohérence et d'une stabilité. Alors que la flexibilité permet de réajuster leur organisation en réponse aux changements développementaux et situationnels.

La cohérence et la stabilité

Les valeurs servent d'idéaux qui guident les objectifs et le comportement d'une personne, ont montré des études au cours des 30 dernières années. Leur organisation facilite la stabilité car elle contribue au sentiment d'identité et guide les actions dans le contexte social. Elle détermine ce qui compte le plus pour la personne et ce qui a un sens dans sa vie.

Le modèle des valeurs le mieux adapté, selon Besika et ses collègues, est celui des 10 valeurs fondamentales universelles du psychologue Shalom H. Schwartz (1992). Ces valeurs sont :

  • l'autodétermination ;
  • la stimulation ;
  • l'hédonisme ;
  • l'accomplissement ;
  • le pouvoir ;
  • la sécurité ;
  • la conformité ;
  • la tradition ;
  • la bienveillance ;
  • l'universalisme.

Pour une brève description de ces valeurs, voyez : 10 valeurs fondamentales selon le modèle psychologique de Schwartz.

Ces valeurs sont organisées en une structure circulaire dans laquelle les valeurs adjacentes sont complémentaires et les valeurs opposées sont conflictuelles.

Il est à noter que Schwartz a ultérieurement perfectionné ce modèle en identifiant 19 valeurs fondamentales universelles. (TEST : quelle est la hiérarchie de vos valeurs ?)

Les recherches suggèrent que la congruence des objectifs et des valeurs personnels est positivement associée au bien-être subjectif, mesuré par la satisfaction globale par rapport à la vie à l'aide de l'échelle de satisfaction de la vie. (TEST : Êtes-vous satisfait(e) de votre vie ?)

La flexibilité

La flexibilité fait référence à la capacité cognitive de réajuster les priorités dans ses valeurs en réponse au changement.

Ces priorités changent à mesure que les mondes interne et externe d'une personne évoluent au cours de sa vie. Lorsque le domaine dans lequel les gens trouvent un sens est menacé, ils cherchent un sens dans d'autres domaines.

Ce réajustement des préférences personnelles et de l'orientation des objectifs permet de maintenir une perspective positive dans des circonstances défavorables. Il est associé positivement à la satisfaction de la vie et négativement à la dépression.

Soi et les autres

Besika et ses collègues montrent que les personnes qui obtiennent un score élevé à un test d'équilibre psychologique rapportent des niveaux élevés de satisfaction de la vie, de sens, de bonheur et de bien-être général, ainsi que de plus faibles niveaux de stress.

Ils ont aussi examiné, en supposant qu'une double motivation à servir l'intérêt personnel et celui des autres sous-tend les valeurs, si au-delà d'un certain niveau d'écart entre ces deux motivations, l'équilibre psychologique devient instable.

Ils concluent que le rapport entre ces deux motivations influence la relation entre l'équilibre psychologique et le bien-être.

Lorsque les valeurs d'une personne l'incitent à servir son intérêt personnel beaucoup plus que celui des autres, elle est susceptible d'être moins flexible pour s'adapter aux situations qui exigent de se concentrer sur les autres. Elle est ainsi plus susceptible d'éprouver de la détresse et des difficultés d'adaptation.

Alors que si des valeurs incitent à servir l'intérêt d'autrui beaucoup plus que l'intérêt personnel, cela risque de nuire à l'autonomie et à l'épanouissement personnel.

Une flexibilité dans l'orientation des valeurs centrées sur soi ou les autres est essentielle au fonctionnement psychologique car elle permet de maintenir un sentiment de cohérence avec le monde extérieur, soulignent les chercheurs.

Les recherches montrent aussi, rapportent-ils, que la relation entre les valeurs et le bien-être est influencée par des facteurs tels que le niveau de congruence entre les valeurs d'une personne et les valeurs promues par son environnement.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

(1) Andrea B. Horn et Mike Martin.

Psychomédia avec sources : Frontiers in Psychology, Therapytips.
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