Notre horloge biologique est réglée par la lumière du soleil. En théorie donc, les changements dans la durée du jour et de l'exposition à la lumière au cours de l'année pourraient affecter la durée et la qualité de notre sommeil.

Alors que les effets à court terme de la lumière artificielle sur le sommeil sont de plus en plus étudiés, les études sur les effets à long terme induits par les saisons sont rares.

Des études portant sur des évaluations de la durée subjective du sommeil ont suggéré que les gens ont tendance à dormir plus longtemps en hiver. Mais des mesures objectives sont nécessaires pour déterminer comment les saisons affectent exactement le sommeil, indiquent Dieter Kunz, de la Clinique du sommeil et de chronomédecine de l'hôpital St-Hedwig à Berlin, et ses collègues.

Ces chercheurs, dont les travaux sont publiés en février 2023 dans la revue Frontiers in Neuroscience, ont étudié les variations saisonnières de mesures objectives du sommeil chez 188 personnes vivant dans un environnement urbain et ayant consulté pour des troubles du sommeil.

Dans le cadre de leur consultation, elles avaient dormi trois nuits dans un laboratoire spécialisé au cours desquelles leur activité cérébrale pendant le sommeil a été enregistrée (par polysomnographie) et différents paramètres de leur sommeil ont été mesurés.

La structure du sommeil

Une nuit de sommeil comprend plusieurs cycles qui durent environ 1 heure et demie. Un cycle est composé de cinq stades :

  • quatre stades de sommeil dit lent (appelé ainsi en référence aux ondes cérébrales qui le caractérisent), aussi appelé sommeil non-paradoxal ; ces stades incluent l'endormissement, le sommeil léger et deux niveaux de sommeil profond ;

  • un stade de sommeil dit paradoxal : dans lequel le cerveau est plus actif, la respiration et le rythme cardiaque augmentent et les yeux bougent rapidement ; c'est dans ce stade que la plupart des rêves se produisent.

Les variations saisonnières

L'architecture du sommeil variait considérablement au fil des saisons :

  • Le durée totale du sommeil était plus longue en hiver qu'en été : jusqu'à 60 minutes, mais cette différence n'était pas significative statistiquement (c'est-à-dire qu'elle pouvait être due au hasard).

  • Le sommeil paradoxal survenait plus rapidement à l'automne qu'au printemps.

  • Le sommeil paradoxal était plus long en hiver qu'au printemps.

  • Le sommeil des stades 1 à 4 était stable de l'hiver à l'été et plus court à l'automne. Le sommeil était ainsi moins profond en automne.

Chez les participants, l'insomnie était plus fréquemment diagnostiquée vers la fin de l'année.

Les résultats suggèrent une variation saisonnière de l'architecture du sommeil, même dans un environnement urbain (où intervient notamment une pollution lumineuse) chez des patients qui ont consulté pour des perturbations du sommeil. Si ces résultats sont reproduits dans une population en santé, ils constitueraient une première indication de la pertinence de se pencher sur l'adaptation des habitudes de sommeil aux saisons.

Une étude publiée en décembre 2022 expliquait pourquoi les gens ont, surprenamment, une tendance à se coucher plus tard en hiver.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Frontiers Science news, Frontiers in Neuroscience.
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