L'Académie nationale française de pharmacie a rendu public, le 7 février, un rapport sur les compléments alimentaires contenant des plantes.

La France est le premier pays consommateur de compléments alimentaires en Europe avec 60 % des ventes, dont 51 % en pharmacie, indique l'Académie. Environ 64 % des compléments alimentaires contiennent des plantes.

Certains compléments à base de plantes ont des effets pharmacologiques reconnus et comportent des risques sans être aussi bien encadrés que les médicaments, indique le rapport.

Un arrêté de juin 2014 a transposé une réglementation européenne en listant 540 espèces végétales autorisées dans les compléments alimentaires. Certaines plantes aux propriétés pharmacologiques devraient être retirées de cette liste et considérées plutôt comme des médicaments, fait valoir le rapport.

« Il y a des plantes autorisées dans les compléments alimentaires qui n’ont pourtant jamais été utilisées dans l’alimentation, mais à des fins pharmacologiques, c’est-à-dire dans les médicaments », a déploré Jean-Pierre Foucher, membre de l’Académie, en présentant le rapport.

Un exemple est celui des plantes laxatives contenant des « hétérosides hydroxyanthracéniques » (suc d’aloès, écorce de bourdaine et cascara, racines de rhubarbe de Chine, séné, cassier, nerprun).

Leur « usage prolongé provoque une dépendance, il n’est plus possible d’aller à la selle sans médicament. A long terme, des lésions définitives de la paroi interne de l’intestin peuvent apparaître », ce qu’on appelle la « maladie des laxatifs », indique l'académicien, relayé par l'AFP.

« L’approche des principales agences de santé au niveau international est unanime », notent les académiciens : ces plantes sont des médicaments, et doivent être réglementées comme telles.

« Un certain nombre de plantes de cette liste sont à leur place. Mais 25 % devraient relever du monopole pharmaceutique et 20 % sont des plantes médicinales issues d’autres cultures, sur lesquelles on manque de recul », a estimé Pierre Champy, spécialiste de pharmacognosie (l’étude des médicaments d’origine animale et végétale).

La mise sur le marché d’un complément alimentaire est régie par la répression des fraudes (DGCCRF) alors que celle d'un médicament résulte d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) des autorités sanitaires, après une évaluation scientifique de ses bénéfices et de ses risques.

Depuis 2010, l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) dispose d’un dispositif de nutrivigilance qui inclut les compléments alimentaires. Plus de 2600 effets indésirables ont été notifiés jusqu’à fin 2016, note l’Académie de pharmacie, avec chaque année 37 à 52 % des cas jugés « graves ».

L’interdiction de certains compléments alimentaires, réclamée par l’Académie de pharmacie, pourrait être contestée devant la justice européenne. Malgré cela, « nous estimons qu’il est de notre devoir de dire qu’il existe des dangers », explique M. Foucher, qui plaide pour, au moins, un meilleur étiquetage (avertissement sur les quantités ou la durée de consommation).

Rapport de l'Académie nationale de pharmacie : Les compléments alimentaires contenant des plantes

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Le Figaro, Libération (AFP).
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