« Constatant des symptômes pour lesquels ils ne voient pas d’explication, les médecins doivent pouvoir communiquer avec leurs patients tout en sachant reconnaître leurs limites », fait valoir Stéphane Gayet, médecin au CHU de Strasbourg dans une tribune publiée le 5 août dans le journal La Croix.

Lorsque l’ensemble des examens effectués ne permet pas d’établir un diagnostic, trop souvent des médecins auront recours à celui de maladie psychosomatique : « c’est le psychisme qui rend le corps (le soma) malade ; c’est lui et lui seul qui explique les troubles allégués ». « Vous n’avez rien : c’est dans la tête », diront-ils.

La « consultation se solde souvent par la prescription d’une benzodiazépine, c’est-à-dire un anxiolytique ou tranquillisant. Dans le pire des cas, la personne est dirigée vers un psychiatre. En toute honnêteté, celui-ci affirmera que les doléances de ladite personne ne relèvent pas de la psychiatrie. Cependant, il arrive qu’elle fasse l’objet d’une prescription d’antidépresseur ou même de neuroleptique. Plus qu’ubuesque, c’est révoltant. »

« Pourquoi ne pas avoir dit à la personne souffrante ? : “Tous les examens qui paraissaient nécessaires ont été faits et ils n’ont pas permis de trouver la cause de votre état ; je crois pouvoir affirmer que vous n’avez rien de grave, mais il faut rester prudent ; on va se donner un peu de temps et revoir votre cas d’ici quelques semaines ; en attendant, je vous propose un traitement symptomatique qui devrait vous aider. Qu’en pensez-vous ?”

C’est une réponse professionnelle : ni méprisante, ni humiliante, ni culpabilisante. Elle est digne de la profession médicale et d’une médecine occidentale moderne qui est attentive, respectueuse, et prudente, qui procède d’une démarche rigoureuse et s’appuie sur l’état actuel de la science. »

« Plus tard, parfois bien plus tard, on pourra peut-être poser un diagnostic de forme atypique d’une maladie infectieuse (maladie de Lyme prolongée…), auto-immune (sclérose en plaques…), tumorale bénigne (tumeur neurologique, vasculaire…), tumorale maligne (maladie de Hodgkin, lymphome malin non hodgkinien…), ou encore dégénérative (disque intervertébral, moelle épinière…), etc. Dans d’autres cas, on osera un diagnostic de fibromyalgie, syndrome encore insuffisamment caractérisé. » (Fibromyalgie : de nouveaux critères diagnostiques proposés par des experts internationaux - 2018)

Lire la tribune de Stéphane Gayet sur La Croix : « Vous n’avez rien, c’est dans la tête ».

Pour plus d'informations sur le diagnostic inapproprié de maladie psychosomatique, voyez les liens plus bas.

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