Une équipe de l'Université de Montréal, mandatée par la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq), a passé en revue les études scientifiques sur les bienfaits de la nature sur la santé afin de dresser un état des connaissances.

Il est estimé que 54 % de la population mondiale habite dans les centres urbains, une proportion qui pourrait atteindre 66 % d’ici 2050.

La diminution drastique de la quantité et la qualité des contacts avec la nature amenée par cette urbanisation pourrait avoir des conséquences néfastes sur le bien-être des gens.

Louis Bherer, professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, et ses collègues ont analysé 160 études qu'ils ont classées selon leur méthodologie : les études d’observation et les études d’intervention. Les études d’intervention génèrent dans la plupart des cas un niveau de preuve plus élevé que les études d’observation.

Un grand nombre d’études d’intervention ont été réalisées au Japon où le « shinrin-yoku », ou « bain de forêt », est devenu une activité populaire pour relaxer et contrôler le stress. La notion de bain de forêt a été introduite et promue par l’Agence des forêts du Japon au début des années 1980. De nombreuses études scientifiques sur leurs bienfaits ont été réalisées, la plupart étant des études d’interventions bien menées, mais généralement auprès d’un nombre peu élevé de participants.

Les études réalisées au Japon comportent des risques de biais, soulignent les auteurs. On ne peut être certain que les bienfaits observés puissent être généralisés aux populations d’autres pays. Car, outre le fait que les Japonais constituent un groupe ethnique distinct et homogène, un possible biais culturel est lié au fait qu'ils considèrent la forêt non seulement comme un lieu de ressourcement par le contact avec la nature, mais aussi comme un lieu sacré qui abrite des divinités.

Bienfaits physiologiques

Selon l'analyse, les bienfaits physiologiques qui sont établis sont :

  • la réduction de la fréquence cardiaque
  • la réduction de la pression artérielle
  • la diminution de l’activité nerveuse sympathique
  • l'augmentation de l’activité nerveuse parasympathique
  • la réduction des niveaux de cortisol (indicateur de stress)

La réduction de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque découle d’un effet sur le système nerveux autonome. Des études de bonne qualité montrent en effet une diminution de l’activité nerveuse sympathique (impliquée dans la réponse au stress) et une augmentation de l’activité nerveuse parasympathique (impliquée dans la relaxation) lors d’un séjour en forêt. (Effet des scènes de la nature sur le système nerveux parasympathique)

Des études montrent aussi que le niveau de cortisol salivaire est moins élevé chez les participants après un séjour en forêt, une autre indication d’une réduction du stress physiologique. L'hormone cortisol est un régulateur métabolique agissant sur plusieurs organes du corps et est impliqué dans la réponse au stress.

Bienfaits psychologiques

Selon l'analyse, le seul bienfait psychologique qui est bien démontré est la réduction de l’anxiété.

Plusieurs bienfaits psychologiques sont présumément apportés par l’expérience en forêt, mais le niveau de preuve est moins élevé :

  • la sensation de récupération (sensation réparatrice)
  • la diminution de la dépression et d’émotions négatives
  • l'amélioration de l’humeur
  • l'augmentation de la vitalité, la diminution de la fatigue

Bienfaits cognitifs

Il y a relativement peu d’études sur les effets sur la cognition, mais quelques-unes d’entre elles, bien faites, suggèrent des effets favorables :

  • l'amélioration de la fonction cognitive
  • la restauration de l’attention
  • la réduction de la fatigue mentale et de la confusion

Plusieurs questions méritent d’être approfondies davantage, soulignent les chercheurs. Par exemple, quelle est la durée d’exposition à la nature optimale pour obtenir des bienfaits pour la santé ? Existe-t-il une relation dose-réponse entre la quantité (fréquence et durée) des séjours dans la nature et les bienfaits physiologiques et psychologiques ?

Des études d’intervention avec des protocoles rigoureux et un nombre suffisant de participants devraient être réalisées dans l’avenir afin de déterminer la durée optimale des séjours dans la nature pour obtenir tous les bienfaits pour la santé, suggèrent-ils.

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Université de Montréal, Sepaq.
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