Les centres antipoison ont constaté une hausse de 30 % des appels, liée au Covid-19, en février-mars, rapporte le magazine 60 Millions de consommateurs de l'Institut national français de la consommation.

1. Les désinfectants et assainissants

« On a vu une hausse des achats de sprays assainissants, qui n’ont pourtant aucun effet, mais qui nous ont valu des appels pour des rougeurs sur la peau, des toux… », indique la Dre Magali Labadie, chef de service du centre antipoison et de toxicologie de Bordeaux.

« Depuis qu’il a été conseillé de désinfecter les surfaces et les courses, les appels aux centres antipoison ont explosé », renchérit la Dre Christine Tournoud, du centre antipoison de Nancy.

« Les gens sont de plus en plus inquiets et commencent à faire des choses, il faut bien le dire, un peu délirantes, comme nettoyer les emballages à l’alcool à brûler, tremper les fruits et légumes directement dans l’eau de Javel… »

L’eau de Javel

« Les appels concernant l’eau de Javel, déjà fréquents en temps normal, ont doublé depuis le début de l’épidémie. Utilisée en grande quantité, elle irrite les voies respiratoires et peut entraîner des intoxications, notamment lorsqu’elle est mélangée à des produits tels que le vinaigre blanc, comme le rappelle le centre antipoison de Lille. »

Pour désinfecter son environnement, mieux vaut s’en tenir aux recommandations de l’Anses, souligne le magazine.

2. Les produits ménagers

« De manière générale, attention aux produits ménagers, surtout si vous avez de jeunes enfants. Inquiète, l’Association française des industries de la détergence s’est fendue d’un communiqué fin mars pour alerter les parents du danger des capsules de lessive. »

« Si de nombreuses mesures ont été prises pour doter les produits ménagers de système de protection (bouchon avec sécurité enfant, substance amérisante…), rien ne vaudra leur mise hors de portée dans des placards fermés à clé ou en hauteur. » (Capsules de lessive liquide : campagne internationale de sensibilisation au danger)

3. Le gel hydroalcoolique

« Nous avons reçu trois fois plus d’appels concernant les solutions hydroalcooliques. En général, des cas d’ingestion accidentelle par des enfants. Le plus souvent, le flacon était sur la table basse du salon », poursuit Christine Tournoud.

« La toxicité n’est pas anodine – ces solutions contiennent 70 % d’alcool – mais elle est limitée, parce que la quantité ingérée l’est également. »

De nouveaux flacons mal sécurisés

La Dre Magali Labadie met toutefois en garde les utilisateurs des nouveaux flacons de solutions hydroalcooliques : « Suite à la pénurie de flacons avec bouton-poussoir ou clipsé avec un petit orifice, des flacons avec des bouchons non sécurisés et de gros embouts ont été utilisés. Ils favorisent la survenue d’accidents, car l’enfant qui réussit à l’ouvrir peut en ingérer une gorgée beaucoup plus importante. »

« Attention aussi, si vous fabriquez votre propre solution hydroalcoolique, à bien respecter les dosages et ne pas toucher les ingrédients. Des cas de contact avec de l’eau oxygénée ont aussi suscité des appels. »

4. L’automédication

« Parmi la hausse des incidents liés au contexte épidémique figurent aussi ceux liés à l’automédication. “Comme les gens sont incités à rester chez eux et à consulter le moins possible leur médecin, ils s’automédiquent plus, explique la Dre Labadie, mais parfois, ils se trompent.”

De plus, l’emballement médiatique autour d’un possible rôle de la chloroquine dans la lutte contre le coronavirus a conduit certaines personnes à s’intoxiquer avec ce médicament. » (Chloroquine et Kaletra : mises en garde de Prescrire)

Les huiles essentielles

« Outre les médicaments, les compléments alimentaires sont concernés, de même que les huiles essentielles. Bien que parées de mille vertus, elles sont en fait dangereuses si on ne sait pas correctement les utiliser. »

« Ce que l’on voit, en général, ce sont des personnes qui ingèrent des huiles essentielles qui sont en fait à inhaler, ou encore qui confondent les gouttes d’huiles essentielles avec de la vitamine D », témoigne Christine Tournoud. (Huiles essentielles : conseils de la DGCCRF pour une utilisation sécuritaire)

Que faire en cas d’ingestion d’un produit dangereux ?

Le magazine présente les consignes suivantes :

  • « Nettoyez la bouche à l’aide d’un gant de toilette.
  • Ne faites jamais boire un enfant avant l’avis du centre antipoison.
  • Ne faites pas vomir (certains produits sont d’autant plus toxiques s’ils repassent une deuxième fois dans l’œsophage).
  • Avant de vous rendre aux urgences ou chez le médecin, appelez d’abord le centre antipoison le plus proche de chez vous : une téléconsultation médicale en urgence est possible 24 heures sur 24. »

« Le centre des Hauts-de-France le rappelle : “Mieux vaut appeler pour rien que laisser s’aggraver une intoxication.” N’appelez le Samu (le 15) qu’en cas de détresse vitale. »

Autres accidents domestiques

« En période de confinement, une hausse des accidents domestiques est attendue. En Italie, les brûlures par liquide chaud, feu ou objets chauds (four, crêpière, fer à repasser) ont fait l’objet des premières mises en garde. En France, les urgentistes ont relayé leur crainte de voir des enfants victimes de chutes de lit superposé, de défenestrations accidentelles. »

Pour plus d'informations sur la covid-19, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : 60 Millions de consommateurs.
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