"Je te déteste..." me dis-je en me regardant dans le miroir

Publié le

Anciens messages (page 9)

anam cara

#27 Posté le par DCF__5377


J'apprécie beaucoup ces échanges. Je suis trés touchée de votre sincérité, et apprends beaucoup.
Vous aviez peur que je ne vous suive plus dans votre cheminement. N'ayez crainte, je comprends parfaitement. Ce que j'ai vécu est très proche de votre expérience.
Quand j'étais avec mon amant, j'étais en totale acceptation de ce qu'il pouvait faire, je me pliais à tous ses désirs. Finalement, je crois que j'aimais ça. Je voulais peut être me détruire. Il était lui aussi trés manipulateur, assez lunatique et très possessif. Ceci, bien évidemment, je m'en suis rendue compte après.
Je crois que ce qu'il cherchait, c'était que je le détruise, que je le rejette. Parce que ça voulait dire que je n'acceptais pas sa manière d'être, que je refusais d'être manipulée parce que ça me rendait malheureuse. Je crois qu'il attendait ça de moi parce qu'il a toujours été incapable de refuser cette manipulation ( en l'occurence de son père ).
Dés que je dominais, tout allait bien. Il ne fallait pas que je m'attache à lui sous peine de le voir fuir. Il ne s'estimait pas suffisament pour admettre que je puisse l'aimer. Il ne s'estimait assez que pour être manipulé, ce que j'admets avoir fait, bien que ce fut involontaire. Finalement, c'est peut être le plus grand service que j'ai pu lui rendre que de le quitter. C'est ma façon de lui prouver qu'on peut se respecter.

Quant à moi, c'est difficile de savoir exactement ce qu'étaient mes désirs au moment où j'étais amoureuse de lui. C'est assez confus. Mais je vais essayer.
Il y avait deus aspects à notre relation, on inversait les rôles selon les variations de notre attachement. Il y avait un enorme rapport de force dans notre relation.

Quand je dominais, tout allait bien tant que je supportais de moins ressentir.
e voulais me prouver que je pouvais faire le bien, je le protégeais en le voyant comme un enfant. Mais c'était très malsain. On n'aime pas un enfant comme on aime un homme, et je me lassais vite de ce petit jeu.

C'est là qu'il dominait. Je m'attachais alors plus à lui. Je me sentais sous son pouvoir, et je dois dire que c'est un désir qui m'a longtemps poursuivi. Je redevenais une enfant à mon tour.
Puis, ce jeu aussi me lassait. Je voulais plus, je voulais une relation entre deux adultes, entre une femme et un homme, et pas entre un parent et un enfant. C'est quand j'ai compris ça que j'ai tout arrêté. C'est quand j'ai arrêté de vouloir être un enfant ou une mère, mais une simple femme.

C'est peut être ça la dualité, le sentiment de dissociation que je ressentais. Je n'ai jamais vraiment été une enfant, mais jamais non plus une adulte. C'est peut être ce que j'aime dans mon travail. Il est basé sur la méthode, la volonté, le travail et l'aide des autres, mais aussi sur les émotions, les pulsions humaines, l'energie
Il m'aide à faire le pont entre les deux, et à trouver de plus en plus la femme en moi.

J'ai l'impression que vous vous débatez dans deux mondes. Votre mari et votre travail vous rassure, notamment sur votre normalité et votre volonté. Ce sont vos piliers.
Quant à votre amant, il révèle vos contradictions, vos pulsions destructrices et votre besoin d'être rassurée ?

J'attends votre message avec impatience, j'apprends beaucoup de cette discussion, qui me permet de parler de ce que j'ai ressenti parfois confusément.

Vous vous demandez pourquoi vous cherchez à être constamment déçue ? C'est peut être parce qu'on peut s'y habituer, et qu'au moins notre deception ne nous déçoit pas. C'est dur de changer. Et je crois que l'être humain est par nature hostile à tout changement. Heureusement, un peu d'espoir, un peu d'amour, et tout devient possible.

Je vous envoie le vol d'un oiseau, sa légèreté aérienne qui le transporte vers un nouveau monde, souhaitant qu'il vous inspire,

Enorme bisou, et tout mon respect,

Héléna.

Plonger dans mon univers intérieur

#26 Posté le par DCF__3450

Me revoilà, ma chère Héléna, prête à confronter mes propres émotions et expériences, si difficiles à accepter même par moi-même.

Vous avez très bien cerné le caractère de mon amant. Il sait révéler mes désirs et mes attentes mais n’y répond que périodiquement. Chaque intermission est ponctuée par des crises de jalousie, des batailles verbales (discussion; pas de mots grossiers), des menaces de me plaquer, etc. Cette contradiction, ou devrais-je dire manipulation, malsaine, me fait très mal. Alors, je m’accroche à mes souvenirs de nos périodes plus heureuses et plus sereines. Je le supplie d’être gentil avec moi et de passer outre nos malentendus et guerre de mots pour ne vivre que notre amour. Il est extrêmement jaloux, à un tel point, que lorsqu’il me demande comment a été ma fin de semaine, j’ai de la difficulté à partager mes bons moments avec lui. Loin d’être heureux pour moi et de se contenter de me dire qu’il aurait souhaité être avec moi, il me fait sentir coupable et mal à l’aise d’avoir OSÉ me divertir… Alors, je lui dévoue tout le temps que je peux au téléphone, par courrier électronique, en m’organisant pour aller le rencontrer. Mais, il me semble qu’il n’en est jamais contenté et rassuré. Voilà pourquoi j’avais tiré la conclusion, il y a de cela sept ans, que nous serions mieux de vivre ensemble et de mettre un terme à cette situation invivable. Ce à quoi il avait répondu qu’il n’était pas prêt à quitter sa fille pour me suivre (raisons financières et son attachement pour sa fille). J’ai commis la grave erreur de me compromettre et d’accepter cette forme de rejet en devenant sa maîtresse.

Ma plus grande déception est de n’avoir pu empêcher mon coeur d’aimer un homme qui semble incapable de me rendre heureuse et au bord l’extase, sans m’abattre de temps à autre. Ma plus grande déception est qu’il se fait une image de moi qui n’est pas la vraie et me prête des mots et paroles que je n’ai jamais prononcés. J’ai l’impression qu’il n’accepte pas ma réalité telle qu’elle est et cela m’effraie. Il me pose des questions que je réponds en toute franchise et me fait sentir qu’il ne me croit pas. Il éprouve constamment mon amour et cela me rend à bout de souffle, incapable de me concentrer, de manger, etc. Puis, il insiste pour prouver ces théories sur moi en m’écrivant abondamment et en utilisant toutes les conversations téléphoniques pour discuter. Je ne cesse de lui dire de me laisser tranquille, mais il persiste. Jusqu’à ce qu’il s’épuise lui-même et finisse par me dire tout simplement d’oublier ça.

Ma plus grande déception est d’avoir cru en ses déclarations d’amour seulement pour l’avoir vu agir envers moi d’une manière non respectueuse. Ma plus grande déception est d’avoir tant souffert de son manque de courage à refaire sa vie avec moi et de l’avoir entendu me demander d’une manière hypothétique (c’est le mot qu’il a employé) si j’étais toujours prête à tout quitter pour le suivre. Il me posait la question après que nous nous soyons disputés et que j’aie montré une indifférence totale face à ses menaces et ses enfantillages. Je lui demandai pourquoi il me posait une telle question. Sur quoi, il me répondit qu’il voulait mesurer combien il m’avait perdue !

Ma plus grande déception fut de me déplacer à Montréal pour aller le rencontrer seulement pour le voir passer sa rage sur moi, se plaindre des complications et des remontrances de sa femme et me menacer de ne pas venir au rendez-vous. Il finissait toujours par venir me rencontrer, mais après m’avoir fait beaucoup pleuré.

Ma plus grande déception fut de le voir se séparer de sa femme à deux reprises et de retourner après avoir pleuré dans mes bras en me disant qu’il ne pouvait souffrir de se séparer de sa fille, et ensuite m’accuser de ne pas avoir sauté sur l’occasion et tout quitter spontanément pour aller le rejoindre. J’avais eu la décence de garder le silence et de ne pas influencer sa décision, car je voulais être certaine qu’il prenne la décision que son coeur lui dictait.

Ma plus grande déception fut de l’entendre critiquer le caractère et les qualités de mon mari d’une manière très amère et de me forcer à admettre qu’il ne me méritait pas… Je lui répétais sans cesse que mon amour pour lui n’avait rien à voir avec mon manque d’amour pour mon mari. Que mon mari était loin d’être stupide, abusif, contrôleur, etc. Exaspérée, je lui demandais s’il préférait que je l’aime par dépit. Bien entendu, il restait perplexe et se taisait. Cela me dégoûtait au plus haut degré et me faisait souffir d’entendre de telles sottises au sujet de mon mari (là est la confusion).

Ma plus grande déception fut de me retrouver à Montréal sans mon mari, le jour de notre anniversaire de mariage en compagnie de mon amant qui m’a fait la tête toute la journée. Je m’étais réfugiée dans un café toute la soirée en noyant mon déchirement et mon désespoir. Puis, je suis retournée chez mon amant où je séjournais. En sonnant à la porte, il me demanda d’attendre dans le lobby. Il vint me rejoindre et me conduit dans un appartement tout vide. Il m’enlassa, me posa par terre, me plaça à plat ventre, puis me pénétra. Ensuite, il me demanda de répéter "you are fucking a beautiful girl". Ce que je fis tout en étant dégoûtée et en pleurant. Mais je le fis sans broncher. Puis, on se releva, et nous retournâmes chez lui, lui marchant devant moi, ne m’aidant même pas à marcher alors que j’étais ivre (j’ai très rarement été ivre dans ma vie; peut-être trois fois et toujours reliées à ma relation avec mon amant). Avant d’ouvrir la porte de son appartement, il me regarda d’un air sarcastique en me disant "Bon anniversaire de mariage".

Ma plus grande déception fut de pleurer dans ses bras et de me voir accusée de m’ennuyer de mon mari, etc., alors que je pleurais car je souffrais de son rejet, de ses doutes envers moi, de son incompréhension, de ses réactions déconcertantes.

Ma plus grande déception fut de le voir quitter le pays temporairement en ayant accepté un contrat hors du pays et en causant notre séparation, après m’avoir maintes et maintes fois suppliée de ne jamais le laisser tomber. Je l’ai attendu et nous avons repris la relation après cinq mois de séparation.

Ma plus grande déception fut de voir combien il était épouvanté à l’idée que je tombe enceinte, alors que je traduisais cela comme un manque d’amour et de l’égoïsme.

Ma plus grande déception fut de réaliser que mon amant ne m’offrait pas son support et sa compréhension dans les moments où j’ai senti que j’avais besoin de lui.

Mais la déception de ma vie fut lorsqu’il dénonça notre relation amoureuse de sa propre bouche et coopéra avec sa femme pour me détruire et tout faire pour que mon mari me laisse tomber.

Héléna, je crains de vous effrayer par mes propos soudainement plus "tordus" qu’à l’ordinaire. Mais, je me trahirais si je ne vous confiais pas ces pensées qui font partie de mon vécu.

Les périodes d’accalmie étaient vraiment sensationnelles. C’est ce qui entretenait le cercle vicieux. Il a répondu à mes désirs de me sentir admirée, désirée et complimentée sur ma personne et mon caractère. Il a aussi su me faire gémir de plaisir et me découvrir une sensualité et des talents d’amoureuse. Avec lui, j’ai réalisé mes fantasmes un à un et cela m’a libéré et m’a ouvert de nouveaux horizons. Il m’a aussi fait connaître les sentiments maternels, bien qu’il n’ait pas voulu de ces grossesses.

Mes besoins ? Retrouver la paix intérieure et ne plus avoir peur d’être heureuse, ne plus craindre d’être déçue par celui que j’aime ou apprendre à aimer celui qui m’aime telle que je suis. Pour l’instant, il me semble qu’il est impossible d’être pleinement heureuse avec mon mari sans mon amant, et vice versa.

Je voudrais tant trouver le courage de quitter mon mari et ne plus voir mon amant afin d’y voir plus clair. Je suis à bout souffle. J’aurais tant voulu que mon amant me prouve son amour à travers toutes nos épreuves… Mais lorsque je sentais le vide sous mes pieds et que personne ni même moi ne croyait en moi, c’est mon mari qui me soutenait. Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Qu’est-ce qui peut causer un tel déchirement en une seule personne ? Qu’est-ce qui me fait fuir l’amour de mon mari et me jeter aveuglément dans les bras d’un amant insensible et manipulateur ? Qu’est-ce qui fait que je sens encore mon coeur appeler le nom de mon amant et non celui de mon mari ?

Je crains que vous ne me suiviez plus dans mon raisonnement de plus en plus tortueux. Mais je me dois d’aller au bout de mes émotions et de faire face à mes expériences souvent traumatisantes pour enfin découvrir la vérité au fond de mon coeur.
Bon, je dois me remettre au boulot. L’ironie dans tout cela est que ma vie professionnelle est impeccable et très enviable. Personne ne se douterait du drame intérieur que je vis présentement. Combien de fois ai-je entendu mes collègues me complimenter sur mon approche face aux problèmes, mon enthousiasme, mes idées, ma perspicacité, etc. Encore une preuve qu’il ne faut pas se fier aux apparences et que le cordonnier est souvent le plus mal chaussé ! (?)

Ce fut extrêmement difficile d’écrire ce message. Mais je suis soulagée que j’aie pu le faire. Merci de m’avoir lue. J'espère avoir le privilège de lire vos réflexions face à un tel recit.

Je vous envoie aussi beaucoup d'amour avec toute ma reconnaissance.
Anam Cara